Il faut croire que Deliveroo n’entend pas dévier de cap : malgré les protestations de ses coursiers, la startup continue de pousser pour un paiement à la course et non plus à l’heure. Lors d’une journée de mobilisation, l’entreprise a simplement lancé une app… de planification de trajet.

Face à la colère grandissante des coursiers Deliveroo, dont une bonne partie n’entend pas adopter le paiement à la course, jugé moins rémunérateur que le paiement à l’heure, l’entreprise britannique reste droit dans ses bottes : après avoir initié une première opération de communication à destination de la presse pour défendre la fin des contrats horaires, elle s’adresse cette fois indirectement à ses « collaborateurs ».

Ainsi, au lieu d’entendre leurs revendications, qui se sont exprimées notamment dans des manifestations ayant eu lieu fin août dans quelques agglomérations, et de tenter de les prendre en compte pour améliorer le sort des « forçats du bitume », comme se sont baptisés certains protestataires, la société a au contraire choisi d’annoncer la mise en place d’un outil de planification.

Un outil pour planifier ses courses à l’avance

On apprend ainsi dans le communiqué de l’entreprise que « ce nouvel outil développé à partir de retours d’expérience de livreurs français leur permet de planifier leurs créneaux de course en avance, mais aussi jusqu’à la dernière minute ». Baptisé « Mon Agenda », il a été déployé en France le 28 août, pile lors de l’un des deux journées de mobilisation des auto-entrepreneurs précaires roulant pour Deliveroo.

Faut-il dès lors y lire la réponse de la société à ce conflit social post-ubérisation qui ne trouve aucun signe d’apaisement ? En tout cas, la compagnie ne tarit pas d’éloges pour ce système, qui offrirait « davantage de liberté » et « davantage de sécurité de revenus », grâce à la planification à l’avance des courses. L’ argument fera-t-il mouche chez ceux et celles qui veulent garder le paiement à l’heure ?

CC Sam Saunders

CC Sam Saunders

Les choses, toutefois, commenceraient à bouger, bien que les pistes qui ont été émises ne satisfassent pas l’unanimité : on parle de barèmes minimums garantis tous les jours, l’après-midi pendant trois mois (donc une mesure temporaire, restreinte et qui ne concerne que quelques coursiers) et la fin de l’obligation de porter le matériel de la marque que les coursiers doivent payer de leur poche.

Reste que la situation sociale est encore loin d’être résolue chez Deliveroo, dont l’image de marque risque de pâtir si les revendications ne sont pas entendues. Et la crise pourrait bien s’aggraver : sur les réseaux sociaux comme dans les boîtes aux lettres des halls d’entrée, les coursiers donnent de plus en plus de visibilité à leur combat. Et ils commencent aussi à impliquer les restaurateurs, pour qu’ils se détournent de la startup.

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