Comme souvent, mon dernier rendez-vous à la banque est rangé dans les mauvais souvenirs. Je voulais évoquer les différentes options pour un prêt immobilier et je suis ressorti avec une assurance vie, un PEA et 100 pages imprimées à conserver toute ma vie (et pas de prêt). 6 mois plus tard, je n’ai pas fait un seul virement sur l’assurance vie et l’argent sur le PEA n’a pas été investi. Je suis peut-être un peu neuneu, mais je ne pense pas être le seul que l’épargne effraie : l’économie est quelque chose de complexe, les frais sont souvent considérables pour les personnes ayant peu d’argent (doux paradoxe du capitalisme…) et les mauvais gestionnaires (ou ceux qui s’en fichent) pullulent.
Ce décor planté est tout à fait authentique, mais il sert aussi d’introduction parfaite à une entreprise qui a tapé dans le mille pour s’adresser aux gens comme moi : Yomoni. Pour le dire vite, Yomoni est un gestionnaire de patrimoine qui a trois particularités :
- Il est clair au niveau des performances et des tarifs
- Il est entièrement en ligne
- Il propose des services « premium » à de petits épargnants (à partir de 1 000 €).
L’idée derrière Yomoni est de permettre à un maximum de personnes de faire fructifier son argent au-delà des classiques Livret A, Livret Développement Durable et PEL qui cartonnent en France, mais dont la rentabilité fond comme neige au soleil à mesure que les années passent. La promesse est belle et l’idée de ces anciens gestionnaires d’épargne lassés des grands groupes peut séduire à l’ère des banques en ligne et de la fintech — et c’est précisément sur des technologies d’analyse et de fluidification des ordres bancaires que Yomoni s’appuie pour réduire ses dépenses et rester compétitif.
Tout d’abord, le site va vous proposer de créer un projet. Sébastien d’Ornano, Président exécutif de la société, nous affirme que c’est l’étape la plus fondamentale pour que le service fonctionne. En effet, il faut à tout prix que le futur client soit le plus honnête possible sur ses connaissances de la finance, ses objectifs, ses capacités d’épargne et sa volonté de jouer avec son argent. Les réponses aux questionnaires vont en effet créer un profil d’épargnant qui va confronter une durée et un risque. Si, par exemple, vous dites que vous mettez 1 000 € à l’ouverture du compte et 200 € par mois sur Yomoni pendant 10 ans, le résultat ne sera pas le même que si vous planifiez une épargne sur 15 ou 20 ans.
Tout cela est fort logique et on comprend pourquoi très vite : Yomoni ne fait pas de la gestion individualisée de patrimoine, mais va regrouper les profils en groupes de clients. Si vous vous retrouvez dans un groupe A avec le même profil que 500 personnes, le gestionnaire qui s’occupe de ce groupe fera a priori les mêmes mouvements avec tous les comptes. L’idée est de faire en sorte que ces regroupements soient les plus pertinents possible pour que les promesses de performance soient tenues. C’est aussi ce qui permet à Yomoni de faire des économies d’échelle, facturant de 0,6 % à 1,6 % par an tout compris.
Côté client, bien entendu, vous ne voyez pas tout cela : vous vous retrouvez simplement avec un tableau de bord sur lequel vous pouvez, au quotidien, suivre la progression de votre épargne (et une newsletter pour vous tenir au courant de l’actualité de la finance). Yomoni est vraiment bien fichu de ce côté-là, la version mobile du site est vraiment agréable à utiliser et tout le processus se passe sans la moindre encombre — un conseiller est toujours disponible par chat et répond extrêmement rapidement à vos questions.
La signature numérique à la fin des étapes est suffisante pour tout déclencher : le virement depuis votre compte vers Yomoni, la cession des droits de gestion et éventuellement l’apport mensuel qui s’enclenchera le mois suivant (vous avez un mois pour vous rétracter).
Mais où va l’argent ? Bonne question et la réponse est très simple : Yomoni s’est associé avec le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel pour les produits financiers. Cela signifie que l’entreprise gère des comptes (assurance vie, PEA, compte titres) chez ces banques en votre nom. Ce qui signifie, pour les moins confiants, que si Yomoni met un jour la clef sous la porte, le client reprendra tout simplement ses plans d’épargne chez l’une des banques partenaires et sera libre d’en faire ce qu’il souhaite.
D’après Sébastien d’Ornano, et malgré notre scepticisme initial, cette association s’est très bien passée dans la mesure où elle a même donné à ces mastodontes de la banque le coup de pouce nécessaire pour moderniser certaines parties de leurs infrastructures. Yomoni avait par exemple besoin de flexibilité et d’immédiateté pour passer des ordres en masse — des services qui n’étaient pas encore possibles avant ce partenariat et qui ont été développés pour l’occasion au sein même des banques.
Dans l’exécution de la numérisation pure d’un service, Yomoni n’est pas aussi impressionnant qu’un N26, pour ne citer que lui : il reste encore de nombreux délais et on finit quand même par recevoir une liasse de papier à ne pas jeter. Mais ces défauts des mastodontes que sont les banques ne sont pas à imputer à la startup : ils montrent simplement qu’elle se confronte aujourd’hui à quelques limites physiques d’un secteur qui peine à se numériser.
Après un mois d’utilisation pour écrire ce test, difficile de vous renseigner sur les performances de Yomoni, mais l’entreprise qui aime la transparence propose un outil permettant de constater la performance des différents profils de risque sur une période donnée. Les magazines spécialisés ne tarderont pas, normalement, à intégrer l’entreprise dans leurs classements avec des mesures personnelles.
Yomoni revendiquait 3 000 clients en mars 2017 et a pour objectif d’atteindre les 10 000 clients en 2018, même si l’entreprise autorise à quiconque de retirer son argent à tout moment. Avec un peu de pédagogie et si les résultats suivent, ce chiffre ne paraît pas hors de portée.
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