Jusqu'où doit aller la guerre des prix dans le mobile ? Et surtout, jusqu'où peut-aller alors que les opérateurs sont sollicités par ailleurs pour déployer rapidement le très haut débit dans tout le pays ? Car si la baisse de la facture dans la téléphonie est une bonne nouvelle pour les clients, en leur rendant du pouvoir d'achat, d'aucuns se demandent si elle ne va pas nuire à l'investissement dans les télécoms.
Depuis quinze ans, le coût mensuel moyen payé par les Français a progressivement baissé, selon les statistiques fournies par l'ARCEP, certes à un rythme particulièrement mesuré. Début 2012, les choses se sont accélérées avec l'entrée en piste de Free Mobile. Ces deux dernières années, les prix du marché français ont chuté de 20 %, ce qui est tout à fait considérable.
Aujourd'hui, Plusieurs formules sont proposées sous la barre des 20 euros par mois avec dans la plupart des cas des communications vocales illimitées, des SMS / MMS sans restriction et une enveloppe pour l'Internet mobile relativement conséquente. Or, l'homme qui est à l'origine de ce bouleversement tarifaire, Xavier Niel, assure qu'il est prêt à aller encore plus loin dans ce domaine.
Free et SFR s'opposent sur la poursuite de la guerre des prix
Interrogé la semaine dernière lors d'un déplacement à Paris, Xavier Niel a assuré que Free allait "continuer à faire baisser les prix, que ce soit sur le mobile ou sur le fixe", sans toutefois en dire plus. Quelques mois auparavant, il déclarait à propos de la 4G vouloir "recommencer par rediviser par deux les prix du marché", ajoutant qu'il n'y a pas de raison de "se priver".
Il faut dire que les consommateurs sont sensibles à la question de la facture téléphonique. Alors que Free est présent dans le mobile depuis deux ans, il s'avère, selon un sondage, que 20 % des individus ont consacré en 2013 entre 300 et 600 euros à leur mobile, soit l'équivalent de 25 à 50 euros par mois. Et 40 % des personnes interrogées souhaitent réduire leur facture.
Mais du côté de la concurrence, la guerre des prix ne peut continuer très longtemps. Interrogé par Le Figaro, Jean-Yves Charlier, PDG de SFR, considère que la concurrence dans ce domaine "va continuer, pendant un certain temps" car "ce n'est pas tenable sur le long terme". Car à côté de la question du pouvoir d'achat se tient l'enjeu de la fracture numérique, qui ne peut se traiter que par l'investissement.
La question des investissements
Reste que l'arrivée de Free n'a pas freiné le niveau d'investissement réalisé par les opérateurs. En mai 2013, l'ARCEP notait que "le montant des investissements réalisés par les opérateurs est, pour la troisième année consécutive, en forte hausse" alors même que le trublion des télécoms était déjà installé dans le paysage depuis un an et qu'il pesait déjà sur le niveau des prix.
En 2012, les opérateurs ont investi plus de 10 milliards d'euros, dont 7,3 milliards hors achats de fréquences, ce qui ne s'était jamais vu depuis l'ouverture à la concurrence du marché des télécoms, en 1998. Le mobile représente la moitié des investissements, avec environ 4 milliards d'euros destinés au haut débit mobile (3G et 4G).
Cependant, tout n'est pas rose. Malgré la croissance du marché en volume, La Tribune notait en décembre dernier que le chiffre d'affaires cumulé du secteur a chuté, de 11% en 2012 et encore de 13% en 2013, conséquence directe de la baisse de la facture moyenne mensuelle des Français. Idem pour les bénéfices, avec un recul moyen de 20 %, et pour la trésorerie opérationnelle, réduite de 40 % en trois ans.
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