À la faveur d'un prétendu exode de la communauté LGBT et drag queens, Ello a été décrit comme le prochain Facebook. Mais de nombreux indices laissent à penser que le jeune réseau social, lancé en mars 2014, ne détrônera pas le site de Mark Zuckerberg.

Ces dernières semaines, plusieurs articles de presse mentionnant un nouvel exode des utilisateurs de Facebook ont fleuri sur le web. À lire ces papiers, cette désertion concernerait tout particulièrement les drag queens et les militants LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), qui ne supporteraient pas la politique du réseau social américain sur l'identité réelle.

Le site est en effet très clair : "le nom que vous utilisez doit être votre vrai nom, tel qu’il apparaît sur votre carte de crédit, votre permis de conduire ou votre carte d’étudiant". Il est certes possible d'inscrire un surnom ou un nom professionnel, mais uniquement dans les champs prévus à cet effet. En revanche, pas question d'autoriser les drag queens à utiliser ou s'inscrire avec leur nom de scène.

Une pétition a été lancée sur Change.org, mais elle n'a été que modérément soutenue : un peu moins de 36 000 signatures à l'heure où nous écrivons ces lignes, ce qui est dérisoire à l'échelle d'un réseau social comme Facebook.

L'intransigeance de Facebook sur cette règle aurait donc conduit les drag queens et les activistes LGBT, essentiellement par solidarité, à aller voir ailleurs dans l'espoir d'afficher le nom qui leur plaît. Ces derniers auraient trouvé refuge sur Ello, un tout jeune réseau social apparu en mars 2014 et dont l'accès est pour l'instant limité (version beta avec système d'invitation pour s'inscrire).

Mais parler d'exode est aujourd'hui clairement excessif.

Quitter Facebook, c'est quitter ses proches

Sur Techcrunch, plusieurs drag queens ont reconnu qu'il est en fait très difficile de quitter Facebook pour un autre réseau social, même si celui-ci n'a que des avantages. En effet, c'est sur Facebook que la famille et les proches se sont inscrits, par ailleurs. Ces derniers agissent de fait comme un puissant aimant pour retenir les utilisateurs, et Facebook le sait pertinemment.

Dans le meilleur des cas, il y aura un usage simultané des deux sites communautaires. Du moins, au début. Beaucoup de réseaux sociaux ont cru représenter l'alternative à Facebook que les internautes attendaient. Dans ce domaine, Diaspora est un cas d'école. Aux antipodes du site de Mark Zuckerberg, le site a maintenu l'illusion pendant quelques mois avant de tomber dans l'oubli après le retrait de ses créateurs.

Quel modèle économique pour Ello ?

Et à supposer qu'Ello s'impose comme un anti-Facebook, son manifeste en faveur de la vie privée sera difficile à respecter. Quel sera en effet son modèle économique, s'il refuse la publicité et la marchandisation des données personnelles ? Si Ello devient effectivement populaire, il faudra dégager des fonds pour que la partie technique suive et supporte l'afflux de nouveaux venus.

Or, il semble aujourd'hui que ce n'est pas le cas, selon Network World. Or, la sécurité et la stabilité de la plateforme sont deux des ingrédients indispensables pour faire de ce site communautaire un challenger viable. Car même si Ello n'est fréquenté que par quelques dizaines de milliers d'individus, cela ne le préserve pas des attaques DDOS, qui se sont déjà produites.

Facebook s'assure un avenir en achetant certains rivaux

Est-ce à dire que Facebook est désormais indétrônable avec son 1,3 milliard d'utilisateurs ? Souvent mentionnée, sa chute ne s'est pour l'instant jamais concrétisée. Aucun rival n'est parvenu à lui faire suffisamment d'ombre pour menacer son avenir. Même Google, qui dispose pourtant d'une force de frappe considérable, n'est pas parvenu à remplacer Facebook avec Google+.

De plus, Facebook n'hésite pas à sortir le porte-monnaie pour calmer certaines velléités. Ces dernières années, on a vu le réseau social procéder au rachat de services qui pourraient lui faire de l'ombre, quitte à y mettre le prix. Instagram et WhatsApp ont par exemple été respectivement achetés un milliard et dix-neuf milliards de dollars en 2012 et en 2014.

Mais sur le web, les retournements de situation existent. Le site MySpace, que beaucoup croyaient indéboulonnable, a été dépassé très rapidement par Facebook. L'apparition d'un site communautaire capable de surclasser Facebook n'est certainement pas à exclure. Le site de Mark Zuckerberg connaîtrait alors la même trajectoire que celle qu'a connu en son temps MySpace.

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