Comme le note le forum LaFibre.info, le consortium Measurement Lab (M-Lab) qui mesure la qualité de l’accès à internet dans le monde a mis à jour ses données pour intégrer des centaines de milliers de mesures prises en septembre 2014. Elles confirment une dégradation générale de la situation française (à l’exception de Numericable qui profite de sa technologie câble et fibre), qu’il convient d’observer avec inquiétude.
En effet, alors que la France était 7ème mondial dans les mesures de débit effectuées par le M-Lab en 2010, l’hexagone se fond désormais dans les méandres du classement. Or la raison n’est pas à rechercher du côté d’une diminution des débits par les FAI en France, mais dans la performance des autres pays qui sont montés dans un train que les FAI français regardent passer.
Ainsi pendant que le Danemark passe en quatre années seulement d’un débit descendant moyen de 7,78 Mbps à 15,17 Mbps, ou l’Allemagne de 5,06 Mbps à 12,09 Mbps, le haut-débit en France progresse extrêmement mollement, passant de 4,56 Mbps en 2010 à 4,94 Mbps en 2014. Ce retard français que l’on avait déjà constaté avec Akamai et dans les données officielles européennes ne peut plus s’expliquer uniquement par la volonté de la France de donner la priorité au déploiement de l’accès à Internet sur tout le territoire plutôt que sur la montée en débit dans les zones déjà connectées.
Peut-être en raison d’une concurrence tarifaire (également sur le mobile) plus forte en France qu’ailleurs qui limite les investissements sur l’internet fixe, ou peut-être pour d’autres raisons liées à des choix stratégiques contestables qui retardent le déploiement de la fibre FFTH / FTTB, la France s’enfonce à très vive allure vers un tiers-monde numérique auquel on aurait pas cru appartenir il y a encore quelques années (cliquez sur le bouton « lecture » pour voir l’évolution dans le temps) :
Dans le détail national, les mesures confirment la tendance déjà observée de longue date, sur les mauvaises performances de Free en comparaison de ses concurrents (il faut rappeler ici que le M-Lab se base en partie sur des mesures effectuées à partir de serveurs appartenant à Google, lequel est notoirement en conflit avec Free sur les accords de peering, ce qui peut en partie fausser les résultats).
Selon les chiffres du M-Lab (qui sont relativement cohérents avec ceux de Netflix), Free affiche un débit descendant (téléchargement) moyen de 3,5 Mbps, alors que ses concurrents directs sont entre 4,5 et 6 Mbps. Les performances de l’opérateur se sont effondrées mi-2012, et présentent depuis un comportement erratique. Il semble toutefois revenir sur la bonne voie en 2014 pour retrouver bientôt un niveau équivalent à SFR, Bougyues et Orange, qui ont au contraire cessé toute progression, voire régressé ces derniers mois :
En upload, Free qui a longtemps permis un débit montant supérieur à ses principaux concurrents s’est depuis fait rejoindre, autour de 600 Kbps. Ce sont les concurrents qui ont progressivement augmenté leurs performances, et non Free qui a baissé les siennes. En revanche, il est un autre indicateur où Free se fait hélas rejoindre à vitesse folle par les autres FAI ; celui du niveau de congestion constaté sur le réseau.
Le M-Lab mesure en effet le ratio de congestion dû au réseau du FAI par rapport à la congestion due aux propres limitations de l’abonné. Depuis les premiers indicateurs de 2010, Free reste à un niveau extrêmement élevé de congestions dues à son propre réseau, donc à son sous-dimensionnement des tuyaux. Il s’était déjà fait rejoindre rapidement sur cette pente malheureuse par Orange. Mais depuis 2013, ce sont tous les opérateurs (à nuancer pour Bouygues Telecom) qui voient leur taux de congestion exploser et se rapprocher dangereusement des niveaux de Free et Orange :
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