Fake news, biais de confirmation, bulles de filtrage, surenchère informationnelle : l’année écoulée a vu les symptômes d’une crise de l’information perdurer. Mais désormais, notre addiction à l’information, nos mauvaises pratiques et notre concentration perdue sont analysées et exprimées à travers diverses expressions et concepts. Ainsi, si une chose a changé cette année, c’est peut-être une meilleure reconnaissance des maux qui entachent notre rapport à l’information.
Plus rythmée encore que les chaînes d’infos en direct, l’information sur les réseaux sociaux par exemple semble nous piéger dans une surconsommation médiatique et certains le reconnaissent. Surinformés, mal-informés, au point de perdre le nord ?
En s’intéressant à tout, nous ne nous intéresserions à rien
Pour être simple, en s’intéressant à tout, nous ne nous intéresserions à rien. Les Français partagent-ils ce constat ? Sont-ils, eux aussi, piégés par une économie de l’attention qui les distrait des sujets qui leur importent ? Si nous sommes quelques-uns à reconnaître la nécessité de subir une « diète de l’info », les Français se reconnaissent-ils dans les symptômes que nous identifions ?
À l’instar de notre précédente enquête sur les Français et la télévision délinéarisée, nous avons utilisé Google Survey pour sonder la population (méthodologie). 3 004 Françaises et Français ont ainsi dressé un bref bilan d’expérience de leur rapport à l’information.
Trop d’info tue l’info
Dans un premier temps, 43 % des sondés estiment n’avoir pas suffisamment accès aux actualités importantes face à la multiplication des informations. En réaction à cette dynamique, les plus critiques sont les plus jeunes : 51 % des 18-24 considèrent ne pas pouvoir distinguer les dominantes de l’actualité. Ils sont seulement 29 % à se considérer informés des sujets importants.
De 25 à 34 ans, ils sont 45 % de mécontents face à l’information en général. Ce pourcentage baisse ensuite sur les trois tranches suivantes : en moyenne, les 35-64 ans sont 42 % à avoir le sentiment de passer à côté de l’actualité essentielle. Les 45-54 ans se montrent les plus satisfaits, comptant 33 % de personnes qui se sentent bien informées, contre 40 % de Français ayant l’impression de ne pas accéder aux informations qui importent.
Ce problème de hiérarchie de l’information viendrait-il des sources utilisées par les Français ? Pour les 18-24 ans, qui sont le plus sceptiques face à l’information, la première source d’actualités est l’ensemble des réseaux sociaux. Ils sont ainsi 28 % à placer Facebook, Twitter etc. en tête de leurs sources principales, devant, à quasi-égalité, les sites des médias et la télé (20 % chacun).
Pour les 18-24 ans la première source d’actualités est l’ensemble des réseaux sociaux
À partir de 25 ans, les sites internet des médias gagnent la première place : 22 % des 25-34 ans en ont fait leur principale porte vers l’info, suivie des réseaux sociaux (21 %). Le recul des réseaux sociaux est particulièrement perceptible à partir de 35-44 ans, où seulement 11 % de cette tranche en fait sa principale source, loin derrière les sites des médias (24 %), la télévision (19 %) et la radio (17 %).
Il faut passer la barre des 55 ans, pour voir la télévision prendre la première place dans le quotidien des 55-65+. Cette même tranche porte quant à elle très peu d’attention aux réseaux sociaux : pour seulement 4 %, ils sont une source principale.
Méfiance sur l’info ?
En recoupant ces deux résultats, nous pouvons déduire que les Français se sentent plus satisfaits de l’actualité lorsqu’ils n’utilisent pas les réseaux sociaux pour s’informer en priorité, mais des plateformes plus classiques, disposant d’une ligne éditoriale, comme les sites des médias… ou la télé.
De leur côté, les tranches les moins critiques face à la hiérarchie de l’information qui leur est proposée sont dans un modèle très traditionnel, choisissant comme source principale d’information la télévision, les sites des médias, et la radio.
40 % des Français considèrent le texte comme le meilleur format
Une majorité de Français préfère les sites médias comme source principale d’information, et cela se vérifie également lorsqu’on leur demande quel format leur paraît être le plus efficace pour s’information : ils sont 40 % à considérer le texte comme le meilleur format, largement devant la vidéo (14 %), et l’audio (8 %).
Une préférence qui varie assez peu en fonction de l’âge : seuls les moins de 34 ans donnent à la vidéo une part importante de 17 %. Quant à l’audio (podcast et radio), elle obtient la préférence de 10 % des plus de 35 ans. Le segment est plus faible sur la tranche 18-24, où, en moyenne, il obtient la préférence de 7 % des sondés.
Enfin, une majorité des Français (52 %) considère que l’information n’est pas traitée de manière objective. Cette réalité est d’autant plus forte chez les moins de 34 ans, qui à 55 %, l’estiment traitée sans assez d’objectivité.
La tranche la plus méfiante face au traitement des médias est celle des 25-34 ans qui estiment à 57 % que l’information n’est pas traité avec objectivité. Pour rappel, cette tranche préfère à quasi-égalité les réseaux sociaux et les sites des médias pour s’informer. Entre 45 et 64 ans, les Français sont plus cléments et estiment, à 48 %, ne pas avoir accès à une information suffisamment objective contre 52 % en moyenne pour toutes les générations.
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