Sexe, drogue et Bitcoin : dans quelle mesure les activités illégales sont-elles financées grâce aux cryptomonnaies ? s’interroge Sean Foley, premier auteur d’une étude australienne consacrée aux transactions réalisées en cryptomonnaies. Le chercheur de l’École de commerce de Sydney a voulu éprouver l’opinion selon laquelle le réseau Bitcoin et ses successeurs seraient utilisés par et pour les activités criminelles. Les résultats, qui n’incluent pas les activités de trading mais bien l’utilisation en tant que monnaie des token, montrent un univers dominé par l’illégalité.
72 milliards de dollars pour le crime
L’étude estime ainsi que près de 72 milliards de dollars de transactions illégales sont réalisés grâce aux cryptomonnaies, Bitcoin en tête. Au total, ce serait, selon les Australiens, près d’une moitié des transactions opérées avec la monnaie virtuelle qui serait ainsi destinée au paiement de drogues, d’armes ou encore de la pédopornographie. Ils ajoutent que ces transactions ne concerneraient toutefois qu’un quart des utilisateurs du jeton : la vaste majorité resterait liée au trading.
Toutefois, prévenant toutes utilisations sensationnalistes de leurs travaux, les chercheurs rappellent que, selon eux, leur étude ouvre la possibilité d’envisager différents scénarios quant à cet usage croissant des cryptomonnaies.
Ils écrivent : « Une pièce centrale de ce puzzle est de comprendre dans quelle mesure l’étendue du marché noir en ligne reflète une migration d’activités qui auraient, sinon, été faites dans les rues ou, si au contraire, il s’agit de rendre les biens illégaux plus accessibles, faciles à acheter et moins risqués considérant l’anonymat, et si, en fin de compte, cette transition vers le numérique pourrait aboutir à une croissance du marché noir. »
L’étude australienne se fonde sur une méthode d’analyse des données, dite de partitionnement des données. Selon la data collectée sur des transactions, les chercheurs ont pu interpréter un comportement.
E-marché noir
Toutefois, pour envisager une analyse des modifications qu’apporteraient les cryptomonnaies au marché noir, il faudrait croiser cette étude à une analyse prenant en compte l’ensemble des transactions de ce marché, et leurs évolutions dans le temps.
En outre, la surreprésentation des achats de produits illégaux est également à comprendre comme une conséquence logique d’une adoption précoce de ces monnaies par le marché noir, alors que le bitcoin en tant que monnaie n’est encore que très marginalement adopté par d’autres marchés. Ainsi, il est plus simple d’acheter de la drogue avec des jetons que de payer dans un bar — à quelques exceptions californiennes près.
Pour les auteurs de l’étude, la seule conclusion que l’on peut tirer serait à voir du côté de l’accélération d’un e-marché noir. Toutefois, même avec un résultat de 72 milliards de dollars, cet e-marché noir reste loin des estimations qui incluent toutes les activités illégales et leurs chiffres d’affaires. Les Australiens soulignent que le marché de la drogue en Europe et aux États-Unis serait ainsi proche de 70 milliards de dollars par an. Or, leur étude comprend aussi les armes, et les transactions liées au sexe : prostitution et pornographie illégales.
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