Dans son communiqué de presse, la marque française Wiko tente l’euphémisme : « Wiko et Tinno unissent leurs forces ». Le Chinois Tinno, actionnaire majoritaire de la firme marseillaise, a repris les commandes de l’entreprise.
L’industriel asiatique a obtenu les dernières parts françaises, rachetant ce qu’il restait du capital de Wiko à Laurent Dahan, fondateur. Déjà propriétaire d’une écrasante majorité de Wiko — 95 % de l’entreprise appartenait déjà à Tinno à travers deux holdings hongkongaises — , le Chinois est désormais unique maître à bord du fleuron de la cité phocéenne.
Fondée en 2011 par Laurent Dahan, l’entreprise française a réussi à s’imposer sur l’entrée de gamme dans l’Hexagone, mais également dans l’Europe de l’Ouest en menant une intime collaboration industrielle avec Tinno, propriétaire de deux sites de production en Chine.
Reprise en main chinoise
En utilisant des produits chinois qu’elle modifiait à la marge pour les marchés européens, l’entreprise a séduit de nombreux clients avec ses petits prix et de nombreux modèles dans les grandes surfaces ou dans les boutiques. Toutefois, les résultats du Français auraient déçu durant les derniers trimestres. Fragilisée par des affaires concernant la sécurité de ses produits, mais surtout par le lancement raté du Wiko Wim, la firme marseillaise a connu des déconvenues.
Selon nos informations, la décision d’une fusion était officielle depuis le début d’année. Le fondateur, M. Dahan, perd son rôle de président au profit de James Lin. L’ancien directeur général, Michel Assadourian et M. Dahan restent toutefois au comité exécutif de la marque. Dans un communiqué Wiko affirme : « Le nouveau Comité Exécutif de Wiko est composé de James Lin, Président, Laurent Dahan, Senior Vice-Président, Michel Assadourian et Julien Heang, Vice-Présidents. »
la firme marseillaise a connu des déconvenues
Le fondateur français aurait souhaité conserver un rôle plus important dans sa firme, mais les négociations ont finalement tranché : le Chinois James Lin prendra le contrôle. En outre, Tinno aurait imposé de nombreuses conditions à M. Dahan, notamment pour garder ce poids lourd de la téléphonie dans l’entreprise, afin de s’assurer que le Marseillais ne prenne pas de responsabilités chez la concurrence.
La marque, construite avec efforts par les Marseillais, devrait être conservée par Tinno qui reste largement inconnu sous son appellation chinoise sur le marché européen. James Lin a fait valoir son intérêt pour cette enseigne : « Wiko est une marque fantastique qui dispose aujourd’hui de tous les atouts nécessaires pour conquérir de nouveaux utilisateurs, sur tous les continents. La coopération renforcée avec Tinno doit rapidement nous permettre de passer un nouveau cap et de faire de Wiko une marque emblématique dans le monde entier. »
Une discorde entre la marque et l’industriel
Depuis plusieurs mois, l’actionnaire majoritaire aurait fait connaître ses velléités, quitte à froisser la direction française. En prenant dès 2011 le contrôle d’une majorité écrasante du capital et en se montrant agressif quant à son souhait de prendre le contrôle de l’entreprise, le Chinois a fini par imposer une nouvelle direction — la sienne. Cette version des faits est cependant démentie par le porte-parole de la marque.
Il concède pourtant que la sortie d’un smartphone de moyenne gamme, un pari pour Wiko, avait complexifié les rapports entre les deux entités. Le smartphone de la discorde, le Wiko Wim, qui devait prouver le savoir-faire de Wiko et améliorer l’image de la marque, aurait été une épine dans le pied des Chinois qui ne souhaitaient pas lancer un modèle aussi exigeant à produire et dont seul un faible volume était commercialisable.
Les Français auraient, face à la résistance de l’industriel chinois, forcé la mise en production jusqu’à se retrouver dans une situation très délicate. Le lancement sera par ailleurs retardé et reste un raté pour l’entreprise qui se retrouvait alors isolée. Cet échec, ainsi qu’un ralentissement du business des Français en 2017, aurait finalement permis à Tinno de gagner le rapport de force face à la direction de M. Dahan. Ce dernier, fragilisé, aurait dû affronter des négociations jugées difficiles.
des négociations jugées difficiles
Toutefois, Wiko veut se montrer positif quant à cette fusion. Il est notamment mentionné par un porte-parole que le rapprochement avec les industriels chinois permettra à l’avenir de se projeter dans de nouveaux marchés, notamment en Amérique du Nord.
En outre, les Chinois, déjà fortement présents à Marseille, rejoindront le siège phocéen pour de bon. James Lin, nouveau président, partagera ses fonctions entre Shenzhen et le sud de la France. Le sort des 500 employés de la marque, dont 250 en France, ne serait, selon l’entreprise, pas en jeu.
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