Les boîtes noires qui se proposaient d'espionner l'activité de ses clients (et de leurs clients) grâce à des algorithmes n'étaient pas à son goût. L'hébergeur français Altern.org, qui avait annoncé dès le 17 avril dernier son intention de déménager en réaction au projet de loi Renseignement, a fait son choix. Sur son blog personnel, le fondateur d'Altern.org, Valentin Lacambre, a annoncé que les serveurs seraient déménagés en Norvège :
http://t.co/W18NjGY3jJ déménage ses services en Norvège. #PJLRenseignement #TousAZanzibar http://t.co/GkWXnB66UK pic.twitter.com/o6XpFpXmXS
— valentin lacambre (@Vlacambre) 5 Mai 2015
"A la recherche d’un pays d’accueil plus favorable à l’internet que la France d’après son Patriot Act pour héberger altern.org, j’ai fait mes courses", raconte Valentin Lacambre. Celui qui fut également à l'origine de Gandi.net a agrégé les classements mondiaux réalisés par Reporters Sans Frontières (pour le niveau de liberté de la presse), par les Nations Unies (pour le niveau de développement humain) et par le fournisseur de services de distribution de contenus Akamai (pour le débit internet moyen par pays), et c'est la Norvège qui est arrivée en tête devant trois autres pays nordiques, les Pays-Bas, le Danemark, et la Suède.
Rappelons que la France est le seul pays de l'Union européenne, et l'un des seuls pays du Conseil de l'Europe (avec la Russie et la Turquie) à avoir été placé dans la liste des "pays sous surveillance" par Reporters Sans Frontières en 2012, dans son rapport sur les pays "ennemis d'internet" (.pdf). La loi sur le renseignement ne va certainement pas l'aider à sortir de ce triste classement, bien au contraire.
Outre Altern.org, d'autres hébergeurs comme EU.org ont annoncé leur intention de déménager. De plus gros acteurs se sont montrés en revanche convaincus par les promesses gouvernementales de mise en oeuvre limitée des boîtes noires, comme OVH, tandis que Gandi a annoncé qu'il donnerait désormais la priorité à son développement à l'étranger.
La décision d'Altern.org n'aura strictement aucune incidence économique pour la France, n'ayant plus qu'une activité anecdotique depuis une première fermeture en 2000. Mais sur le plan symbolique, c'est l'un des plus anciens acteurs du web français qui quitte ainsi la France. Le service était né en 1992.
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