Selon Google Trends, Vero, true social, un réseau social lancé en juillet 2015, a connu en février 2018 une croissance de 300 % dans les recherches Google. Il faut croire qu’après des années de discrétion, le réseau social prônant « les vraies relations d’abord » commence à peine à sortir de l’ombre.
Rien de nouveau sous le Vero
En 2015, TechCrunch écrivait : « les créateurs de Vero parient qu’il y a encore une place pour un nouveau type de réseau social — un qui accorderait plus d’attention aux nuances des vraies relations humaines ». Le pari de l’équipe de Vero, fondé et dirigé par le fils du Premier ministre libanais Rafic Hariri, était de fournir à la foule grandissante de déçus des réseaux traditionnels une alternative plus sélective et plus naturelle. Néanmoins, le succès n’a pas été instantané — le réseau est tombé dans un relatif anonymat depuis juillet 2015.
Seul Zack Snyder, le réalisateur de Watchmen, avait réussi a attirer l’attention des internautes sur le réseau social en septembre dernier. Le cinéaste avait réalisé pour l’entreprise de son ami Ayman Hariri un film sur son iPhone qui avait été relayé dans la presse. À l’époque, personne ne semble s’appesantir sur le fait que le film est taillé pour Vero, le même réseau social dont on parle aujourd’hui.
On laissera donc de côté l’étonnement concernant cette entreprise. Toutefois, considérant le retour de popularité autour de Vero, nous nous interrogeons sur cette soudaine mise en lumière après des années de silence.
Une migration des influenceurs ?
Il apparaît que Vero a entrepris une large campagne auprès des influenceurs Instagram durant ces dernières semaines. Aux États-Unis, l’entreprise a touché des personnalités comme Christian Collins qui a promu l’application auprès de ses millions d’abonnés. Rapidement, les influenceurs ont fait connaître l’application autour d’eux et la presse américaine s’est mise à relayer une « migration massive » d’utilisateurs Instagram vers Vero— largement mise en scène par l’entreprise d’Hariri.
La communauté du cosplay a, quant à elle, indépendamment de Vero, organisé sa migration vers l’application, ayant pour effet de surprendre la direction qui a confié à Forbes : « nous n’avons jamais vu quelque chose comme cela ».
Il y a cinq jours, la cosplayeuse Tine Marie résumait cet engouement sur son blog : « Vero est très proche d’Instagram pour les publications, mais ils promettent de ne pas s’embarrasser d’algorithmes, qui ont été un gros problème ces deux dernières années sur Instagram et Facebook. »
En écrivant cela, la blogueuse touche là le principal sujet que mettent en avant les influenceurs à propos du réseau social libanais : depuis 2015, l’opinion anglophone a beaucoup évolué sur son rapport à Facebook et aux réseaux sociaux, pointant désormais leur déformation du réel et leur trop grand appétit pour les algorithmes de ciblage.
https://twitter.com/verotruesocial/status/966450266466869250
« Nous n’avons pas atteint notre premier million [d’utilisateurs] donc vous avez toujours une chance d’obtenir votre compte gratuit à vie. »
Entre la campagne de déstabilisation russe pour les plus politisés, et la fin de l’ordre chronologique pour les plus pragmatiques, Instagram et Facebook ont donné du fil à retordre à leurs utilisateurs et en particulier à ses influenceurs. Néanmoins, par delà la sympathique prise de position mâtinée de bonnes intentions — « Vero ne se financera jamais par la publicité et ne collectera pas vos données » dit l’entreprise — il apparaît également un coup marketing millimétré.
« Vero ne se financera jamais par la publicité et ne collectera pas vos données »
Le site a, parallèlement à sa campagne auprès des influenceurs, promis de rendre payantes les inscriptions au service dès lors qu’un million d’utilisateurs auront été réunis. Le CEO a en outre promis un abonnement gratuit à vie pour les premiers utilisateurs : la machine était ainsi lancée.
Il en résulte un effet boule de neige : les influenceurs font parler de Vero et la promesse de rendre payant le réseau pousse les internautes à s’inscrire pour ne pas payer. Cette stratégie montre deux choses : Vero, en deux ans d’existence, n’a toujours pas réuni un million de personnes — loin de la migration annoncée. Et à la fin de cette période de mise en scène de la rareté, son combat pour garder ses utilisateurs ne fera que commencer… peut-être avec un abonnement, business model qui n’a pas réussi à feu App.net.
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