Google a noué un partenariat avec des assurances pour offrir son détecteur de fumée, d'une valeur de 99 dollars, aux clients qui acceptent qu'un rapport sur le bon état de fonctionnement du détecteur soit envoyé automatiquement chaque mois à l'assurance. Un premier pas discret vers un monde où l'assuré devra accepter de perdre un peu de sa vie privée pour payer moins cher.

Comme prévu, Google a dévoilé cette semaine la nouvelle gamme de produits de sa filiale Nest (dont la caméra Nest Cam qui filme en permanence chez soi), dédiée aux objets connectés et à la domotique. La société propose ainsi des mises à jour de son détecteur de fumée et de monoxyde de carbone Nest Protect, de la caméra de surveillance Nest Cam (anciennement Dropcam) et du thermostat Nest Learning Thermostat, qui peuvent tous communiquer ensemble pour collecter un maximum de données sur la maison et les habitudes de ses habitants, afin d'anticiper sur leurs besoins et d'optimiser la gestion d'énergie.

Mais la principale annonce, discrète, n'est pas dans les produits eux-mêmes. Il s'agit plutôt du modèle économique que Google commence à déployer et à encourager, à travers des partenariats noués avec des assureurs, pour l'instant exclusivement aux Etats-Unis. Ces derniers pourront en effet "fournir à moindre coût, voire sans frais, un détecteur Nest Protect aux clients éligibles", explique un communiqué de Nest, qui précise que les clients pourront même "bénéficier de remises sur les primes annuelles de la part d'assureurs". Mais en échange, les assurés devront "accepter de transmettre des informations de base à leur société d'assurance partenaire".

Il s'agit pour le moment de données qui n'ont rien de sensible : niveau des piles du détecteur, état de fonctionnement des capteurs, et état de la connexion Wi-Fi. Le rapport est transmis une fois par mois à l'assureur, pour lui permettre de vérifier que le client qu'il assure contre les incendies a bien un détecteur de fumée fonctionnel, capable de l'alerter et d'alerter les secours pour limiter les dégâts. "Ces rapports mensuels ne tiennent pas compte des déclenchements de l'alarme, et les clients conservent le droit aux dites remises même si la connexion Wi-Fi ou le niveau de vos piles sont faibles", rassure Nest, qui précise aussi que "bien entendu, il est possible de quitter le programme de récompense Nest à tout moment à partir de l'application Nest ou en contactant l'assureur concerné".

L'ASSUREUR VEILLE SUR L'ASSURÉ

Sur son site, Nest insiste sur le fait qu'aucune information personnelle n'est partagée avec l'assureur et que, par exemple, aucune donnée sur l'utilisation de l'application mobile Nest n'est transmise. 

Mais l'initiative, pour l'instant très limitée, s'inscrit dans un mouvement global d'accès par les assureurs aux données des assurés, pour s'assurer que les risques soient limités au maximum. Demain, les compagnies offriront des remises à ceux qui accepteront que leur comportement sanitaire soit surveillé, à l'instar d'AXA qui a été le premier en France à offrir des bons d'achats à ceux qui prouvent qu'ils marchent, grâce à des capteurs. Il s'agit aussi, pour assurer les voitures et les automobilistes, d'installer des boîtes noires qui transmettent à l'assurance des données sur les parcours réalisés et les éventuels risques inutiles pris par l'assuré. C'est déjà le cas par exemple d'Amaguiz, qui explique que pour bénéficier de ses tarifs avantageux, "vous devez installer dans votre voiture un boîtier Pay as you drive qui transmet chaque mois à amaguiz le nombre exact de kilomètres que vous avez parcourus ainsi que vos trajets".

Bien sûr, il ne sera pas obligatoire d'accepter des intrusions dans la vie privée par l'assureur. Mais les clients y seront fortement incités par le jeu des remises, qui deviendront dans les faits le tarif de base. Ceux qui voudront protéger leur vie privée devront payer plus cher.

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