Il dirigeait le « Meetic » de l’aéronautique, mettant en relation freelance et grandes entreprises : Nicolas Muller s’apprête à tourner tout son business vers la blockchain. Tout changer, pour ne rien changer ?

La plus importante ICO française sera probablement spatiale. En distribuant 150 millions de tokens, Talao — ex EmindHub — voudrait lever 60 millions de dollars afin de propulser sa blockchain dédiée au monde du travail freelance. Nicolas Muller, qui dirige aujourd’hui Talao, était jusque là le patron d’EmindHub, une plateforme centralisée de freelances spécialistes de l’aéronautique et de l’aérospatial.

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Patron d’une florissante jeune pousse très spécialisée, le Français se dit toutefois convaincu que son avenir passera par la blockchain. Cette dernière pourrait, s’il ne s’y voue pas entièrement, remplacer à court terme les plateformes leaders du marché, et la sienne, pense-t-il. Les avantages bousculeront son business : « Des plateformes décentralisées, coopératives, sans commission et qui résolvent bien des problèmes que rencontrent aujourd’hui nos clients et les talents ».

Baobab à propulsion

Alors plutôt qu’ajouter blockchain au nom d’EmindHub, Nicolas Muller préfère faire le grand saut et tout changer, pour ne rien changer — comme le veut la formule du prince de Lampedusa. Le CEO espère trouver dans ce Nouveau Monde, qui vient avec une nouvelle technologie et une nouvelle source de financements, l’occasion de grandir plus rapidement. Il rappelle cette métaphore, prise à Nicolas Dufourcq de la BPI : « Soit l’on reste un beau bonsaï dans une forêt de baobabs américains, soit l’on se donne les moyens de devenir un baobab ».

Nicolas Muller / Talao

Nicolas Muller / Talao

Par delà les comparaisons sylvestres, Muller croit voir dans les ICO, ces cycles de financement liés à la blockchain, l’occasion de trouver les moyens que les entreprises françaises ont parfois du mal à réunir pour poursuivre leurs ambitions. Ainsi, de sa société spécialiste, il voudrait faire un géant. Son horizon, avec Talao, serait de réunir 5 millions de travailleurs indépendants, experts de l’ingénierie, d’ici à 5 ans.

Pour celui qui rappelle que les fraudes au CV seraient encore massives, la blockchain constitue un gage de confiance dans un milieu déterminé par la vérification des compétences d’un freelance. Il explique qu’avec son projet toutes les évaluations des entreprises concernant un expert seraient enregistrées, ad vitam, dans la chaîne de blocs. Impossible dès lors, selon lui, de ne pas obtenir les garanties suffisantes pour recruter la bonne personne pour la bonne mission.

Communauté de talents

Nous aurons beau le chercher sur le danger des vraies-fausses-évaluations, il botte en touche : « le système n’acceptera de facto que les évaluations d’un véritable employeur et elles seront rapidement modérées par le nombre d’évaluations pour chaque profil ». En outre, il garantit que les talents garderont un contrôle total sur leurs évaluations : ils pourront les exporter en dehors de la chaîne comme les rendre disponible aux employeurs à discrétion.

Mieux : la chaîne de blocs sera constitué de manière à donner à chaque talent, et par extension, chaque détenteur d’un token, un pouvoir significatif de décision. M. Muller parle d’une coopérative. À terme, le projet sera ainsi construit par ceux qui l’utilisent. Quitte à ce que le dirigeant se voit dépassé par sa communauté ?

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Selon le white-paper, il faudrait imaginer une coopération proche des projets open source, avec une entreprise qui accompagne et une communauté qui construit. C’est, selon le patron, encore un avantage de son projet pour les experts qui voudront le suivre sur cette place de marché décentralisée. Or, il concède, séduire les « talents », sera la clef de son succès : « avec les meilleurs talents, on a les meilleurs clients ».  L’expérience avant tout, après avoir travaillé avec Dassault et Airbus.

La distribution des jetons sera réalisé selon les préconisations de l’AMF, la transparence et la bonne tenue de l’ICO seront en outre « garanties » par Blockchain Partners, expert parisien du domaine. Alors que la jungle est encore de mise pour les ICO, Talao met les petits plats dans les grands pour légitimer sa démarche. Le soutien de grands noms participent à cette institutionnalisation mise en avant par la firme : l’investissement du patron d’Havas, qui en assure la communication, de la BPI, mais également des clients d’EmindHub donnent autant de gages à sa crédibilité.

La distribution des jetons débuteront en avril, en privé, puis en mai pour l’offre public.

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