Sur Instagram, il n’est vraiment pas compliqué de trouver des photos d’hommes torse nu. Il suffit de taper des mots-clés comme «plage», «topless» ou «fitness» dans le champ de recherche pour s’en convaincre. Mais pour les femmes, c’est beaucoup plus difficile. Et pour cause : le réseau social spécialisé dans le partage de clichés a des conditions d’utilisation qui interdisent ce genre de publications.
On peut ainsi lire que les usagers ne sont pas autorisés «à publier par le biais du service de scènes de nudité partielle ou totale […] ou pornographique ou sexuellement suggestif». Il est ajouté que l’infraction à cette règle (ou aux autres) peut conduire Instagram à «supprimer, modifier, bloquer ou contrôler du contenu ou des comptes contenant un contenu que nous jugeons, à notre entière discrétion».
On peut le constater avec certaines requêtes. Avec le mot-clé «topless», Instagram a mis en bas de page le message suivant : «les publications récentes de #topless sont actuellement masquées, car la communauté Instagram a signalé du contenu qui ne respecte peut-être pas ses règles». Ce qui pose une question : pourquoi y a-t-il cette différence de traitement, selon que l’on est un homme ou une femme ?
APPLE ET SON CLASSEMENT D’APP
Interrogé à ce sujet lors d’un évènement qui a eu lieu mercredi dernier à Londres, le cofondateur d’Instagram, Kevin Systrom, a livré une explication étonnante : si les seins ne sont pas admis sur le site de partage de photos, ce n’est pas parce que le service a une politique puritaine. C’est parce que la plateforme souhaite conserver sa classification lui permettant d’être proposé aux utilisateurs ayant au minimum 13 ans.
Il existe sur l’App Store quatre grands niveaux de classification : 4 ans et plus ; 9 ans et plus ; 12 ans et plus ; 17 ans et plus. C’est cette dernière catégorie qui accueille les applications qui peuvent être susceptibles de montrer des contenus à caractère sexuel ou présentant de la nudité. Or, le créateur du réseau social ne tient pas à changer de catégorie, car les adolescents sont un segment stratégique.
«Malgré cette censure, Instagram reste «attaché à la liberté artistique», d’après Kevin Systrom. Il a poursuivi en ajoutant que pour être «positionné efficacement, il y a quelques arbitrages difficiles à faire». Et pour Instagram, bannir les photos montrant les tétons féminins fait partie de ces arbitrages difficiles», lit-on sur Business Insider, qui s’est fait l’écho des propos de Kevin Systrom lors de l’évènement londonien.
MASTECTOMIE, ART, ALLAITEMENT
Certaines publications sont toutefois autorisées. C’est le cas des photos de cicatrices post-mastectomie, de femmes qui allaitent activement un enfant ainsi que la représentation du nu dans les photos de peintures et de sculptures.
La politique d’Instagram a déjà créé des remous par le passé. L’an dernier, c’est le compte de la chanteuse Rihanna qui avait été provisoirement suspendu suite à la série de clichés très dénudés qu’elle avait acceptée de faire pour le magazine Lui.
Il n’y a pas que sur Internet où le statut de la poitrine féminine est différent de celle de l’homme, à cause de la vision sexualisée qui y est associée. C’est une problématique qui existe aussi dans l’espace public, à l’image des quelques manifestations survenues été aux États-Unis pour défendre le droit des femmes d’être torse nu dans les rues new-yorkaises.
( photo : CC 0 YashilG )
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