L’E3 2018 a fermé ses portes, laissant quelques souvenirs dans la tête des joueurs. Mais peut-on parler d’édition réussie ?

Le calendrier gaming est une affaire bien huilée. Chaque année, au mois de juin, à l’occasion de l’E3 de Los Angeles, on sait que l’on devrait en prendre plein la vue et qu’il va falloir économiser pour les mois à venir. Du point de vue des jeux, il est difficile de se plaindre de cette édition 2018. La fraîcheur n’a pas toujours été de mise, certes, mais on aura de quoi s’amuser dans le futur.

Il n’empêche, on n’a pas l’impression que cet E3 restera dans les annales. Il apparaît davantage comme un évènement de transition, de fin de génération. Avec toujours le même schéma entre les constructeurs : Microsoft veut ratisser large avec son écosystème, Sony mise sur ses grosses exclusivités et Nintendo agite ses licences habituelles, car il n’a besoin de rien d’autre pour contenter ses fans.

Xbox One X. Microsoft

Tendance 1 : un E3 sans hardware, c’est moins bien

Rendez-vous compte : même Microsoft n’a pas montré une seule pièce hardware. Même pas une manette Elite 2 comme l’évoquaient certaines rumeurs. Chez Sony, il était encore trop tôt pour une PlayStation 5 et le socle software est tel que la PS4 va s’offrir un baroud d’honneur digne de ce nom. Quant à Nintendo, la Switch n’a même pas deux ans… Sans nouvelle console, un E3 est bien fade. Si ce sont les jeux qui font les consoles, ce sont les consoles qui vendent d’abord du rêve.

Découvrir un E3 en sachant que l’on va voir pour la première fois la PlayStation 5 est une perspective bien plus excitante qu’une vidéo de gameplay de The Division 2. Cela n’enlève rien aux qualités de The Division 2, mais c’est une question d’impact : le design, les caractéristiques, les premières données techniques, les premières images d’une machine titillent toujours la curiosité. Cela crée l’émotion. Avec des jeux et uniquement des jeux, on navigue souvent beaucoup trop en terrain connu.

En 2017, la Xbox One X était là pour remplir cette case alors qu’elle fait tourner les mêmes jeux qu’une Xbox One. Sauf que les gens voulaient savoir. Ils voulaient savoir si l’écart de prix était justifié, si l’évolution était réelle. Le chemin de la dématérialisation des consoles et le streaming de jeu vidéo, évoqué par tous les éditeurs, est bien moins parlant.

Tendance 2 : on arrive bel et bien en fin de génération

Sans hardware, c’est donc le software qui a régné en maître. Il y en a eu pour tous les goûts et il faudrait de longues minutes pour énumérer tous les jeux présentés, datés ou teasés. Regarder toutes les vidéos à la suite pourrait vous occuper une matinée. Mais plus important encore, les jeux de l’année donnent souvent cette impression que les plateformes sont maîtrisées et optimisées à merveille.

Il suffit de se remémorer la démo de The Last of Us Part II pour s’en convaincre : la PlayStation 4 Pro est poussée dans ses derniers retranchements et le rendu visuel en jette. Un constat qui participe à une évidence se perpétuant depuis la nuit des temps : en fin de génération, les consoles offrent le meilleur d’elles-mêmes. The Last of Us avait d’ailleurs permis à la PS3 de tirer sa révérence sur une excellente note. Avec la suite, la boucle promet d’être bouclée et, dans les mois à venir, les jeux seront plus beaux les uns que les autres.

Epic Games

Tendance 3 : Fortnite gagne toujours en ce moment

Une version Switch qui cartonne, un buzz à cause de l’égoïsme de Sony (cela fait causer), une entrée dans l’eSport marquante (prize pool de 100 millions de dollars) et des éditeurs qui veulent leur part du gâteau (coucou Electronic Arts et Battlefield V) : Fortnite a gagné. Comme il le fait depuis déjà plusieurs mois. Aujourd’hui, le jeu de Battle Royale d’Epic Games revendique 125 millions de joueurs. Un chiffre qui continuera de grimper puisqu’il ne peut en être autrement.

Tendance 4 : les conférences deviennent des caricatures

L’EA Play d’Electronic Arts ? Une conférence à trous (les mêmes jeux avec des chiffres différents). Square Enix ? Un ersatz de Nintendo Direct avec beaucoup de vide. Ubisoft ? Un remake de l’an dernier (les mêmes jeux, les mêmes happenings). Nintendo ? Vingt minutes sur Super Smash Bros. Ultimate. Sony ? Un mix étrange entre showcase et conférence. Bethesda ? Un océan de teasers. Cette année, on ne peut pas dire que l’on a été particulièrement gâtés par les shows des constructeurs et des éditeurs — hormis chez Microsoft.

Quant aux éditeurs moins gros, ils gagneraient peut-être à réfléchir à une communication plus concise. Autrement, cela donne lieu à des paradoxes et des aberrations : la vidéo de gameplay de The Division 2 était chez Microsoft, les grosses annonces Square Enix étaient chez Microsoft et on a eu droit à trois bandes-annonce de Kingdom Hearts III en l’espace de 24 heures.

À l’année prochaine !

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