Tant bien que mal, Tesla aura fini par atteindre l’objectif de production hebdomadaire qu’il s’était fixé : produire chaque semaine 5 000 exemplaires de la Model 3, la voiture qui se veut la plus abordable dans le catalogue du constructeur automobile (comptez quand même 49 000 dollars… hors taxes). Un succès qu’Elon Muk a bien sûr salué, sans dire un mot des efforts auxquels il a fallu consentir.
En effet, pour atteindre cet objectif, alors qu’il s’est séparé en juin de presque 10 % de sa masse salariale, soit plus de 4 000 employés, l’industriel américain a dû faire preuve de flexibilité — des usines-tentes ont été mises sur pied pour compléter les lignes de production en dur déjà en place — et se montrer très exigeant, voire excessif avec ses salariés, pour tenir des cadences infernales.
En effet, Tesla a cherché à augmenter sa capacité de production de la Model 3 sans pour autant nuire à la fabrication des autres automobiles commercialisées, à savoir les Model S et X. Ces deux gammes sont construites au rythme de 2 000 par semaine, pour chacune d’elles. En clair, Tesla a réussi à franchir le cap des 7 000 voitures produites toutes les semaines, si on comptabilise les trois modèles.
Renforts au front
Sauf que le plus dur arrive maintenant : atteindre les 5 000 unités hebdomadaires est une chose. S’y maintenir en est une autre. Or manifestement, Tesla est prêt à prendre le risque de perturber le fonctionnement de ses filiales et de ses services pour garder coûte que coûte ce rythme de croisière. C’est ce que révèle CNBC : des salariés sont dépêchés en renfort pour soutenir la production de la Model 3.
Selon plusieurs sources internes consultées par la chaîne américaine, le groupe fait appel à des employés de SolarCity, une entreprise spécialisée dans les panneaux solaires achetée en 2016 par Tesla mais dont les activités ont été fortement réduites dans le cadre de la restructuration. Tesla puise aussi dans ses différents centres de services, notamment dans le support clientèle.
Signe du caractère urgent de la manœuvre, Tesla n’hésite pas à faire dormir dans des hôtels les renforts que le groupe sollicite, notamment parce que certains salariés viennent de très loin, parfois hors de l’État de Californie — là où se trouve le cœur de l’activité pour la Model 3. Mais selon des témoignages recueillis par CNBC, cela a pour effet de désorganiser un certain nombre de départements, dont le service clientèle.
Contexte social
Le contexte social récent de Tesla donne évidemment une teinte particulière à cette actualité, le constructeur automobile ayant manifestement besoin de main-d’œuvre supplémentaire pour arriver à tenir ses engagements. L’embauche de salariés en renfort serait en principe la bonne marche à suivre, mais l’industriel a de toute évidence de trop gros problèmes d’argent pour se le permettre.
De son côté, Tesla a admis recourir à cette façon de faire, ajoutant que ce n’était pas la première fois qu’il mobilisait d’autres troupes, notamment à la fin des trimestres, pour donner un coup de fouet à la production, pour tenir ses objectifs — mais aussi, on le devine, adresser des messages rassurants aux marchés. En revanche, le groupe conteste l’idée d’un désordre interne significatif du fait de ses ajustements.
Quant à la question de savoir si les employés sollicités ont le choix d’accepter ou de refuser ces missions inhabituelles, Tesla assure que tout se fait sur la base du volontariat et que les personnes sont évidemment placées à des postes cohérents avec leurs compétences. Cela étant, ceux qui acceptent le font-ils vraiment de bon cœur ou craignent-ils plutôt une mauvaise évaluation ?
À l’heure où Tesla taille dans ses effectifs, la question n’est pas absurde.
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