IBM a annoncé le 28 octobre l’acquisition de Red Hat, une entreprise spécialisée dans les solutions open source. Pour s’offrir ce groupe et ainsi mettre la main sur sa technologie dans le cloud, IBM a mis sur la table 34 milliards de dollars.

C’est de loin l’acquisition la plus stratégique d’IBM, ne serait-ce que par les sommes considérables qui sont engagées pour cette opération. Dans un communiqué publié le 28 octobre, le géant américain de l’informatique a annoncé prendre le contrôle de Red Hat, une entreprise américaine également qui conçoit et distribue des logiciels open source pour… 34 milliards de dollars.

Red Hat est une société mal connue du grand public. Pourtant, c’est un poids lourd de l’industrie. Fondée en 1993, elle est valorisée à plus de 20 milliards de dollars à la bourse de New York. Son chiffre d’affaires a atteint 2,4 milliards de dollars en 2017 et son résultat net s’est établi à un peu plus de 253 millions de dollars. Mais son activité fait qu’elle s’adresse avant tout aux entreprises.

Son modèle d’affaires repose sur un système d’abonnement qui rompt avec les offres plus classiques de l’industrie du logiciel. En souscrivant une formule, la clientèle a accès non seulement à l’offre logicielle désirée, mais aussi une assistance, une formation et du conseil. Une stratégie payante. En 2012, le groupe est devenu le premier dans l’open source à franchir le cap du milliard de dollars en chiffre d’affaires.

Red Hat propose un large éventail de solutions en matière d’open source pour les sociétés. Cela va du stockage à la virtualisation, en passant par le middleware, la mobilité et la gestion. Elle propose même son propre système d’exploitation, basé sur une distribution GNU / Linux, appelée Red Hat Enterprise Linux, et qui comme son nom l’indique est orientée pour le marché professionnel.

IBM lorgne sur le cloud

Mais ce qui est intéresse surtout IBM, c’est le savoir-faire et l’avance de Red Hat dans l’informatique à distance, c’est-à-dire le cloud computing. Il suffit pour s’en rendre compte de relever le nombre d’occurrences du mot « cloud » dans le communiqué de Big Blue pour constater à quel point le sujet est crucial pour lui — au point de  débourser presque sept fois plus que son record précédent d’acquisition.

Plus particulièrement, c’est sur le cloud hybride qu’IBM entend se renforcer grâce à Red Hat. Il s’agit d’un environnement de travail qui mêle le cloud dit public avec celui privé — en clair, celui disponible pour tout le monde et celui mis en place par les sociétés afin d’avoir leurs propres de centres de traitement de données — , afin d’administrer le stockage, le traitement et la circulation des données.

Red Hat rejoint IBM en tant qu’entité indépendante

« La plupart des entreprises aujourd’hui n’en sont qu’à 20 % de leur cheminement vers le Cloud », selon Virginia Rometty, la patronne d’IBM. « Les 80 % suivants visent à libérer la valeur réelle de l’entreprise et à stimuler la croissance. C’est le prochain chapitre du cloud », selon elle. Un chapitre dont son groupe entend bien participer à l’écriture, afin de ne pas laisser la plume à la concurrence, comme Microsoft et Amazon.

IBM précise qu’il n’est pas question de se mêler des affaires courantes de Red Hat.

Le groupe « va rejoindre l’équipe cloud hybride d’IBM en tant qu’unité distincte », afin de « préserver l’indépendance et la neutralité de l’héritage et de l’engagement de Red Hat en matière de développement open source ». IBM, qui est en déclin depuis des années, promet donc de ne pas nuire aux spécificités qui ont fait le succès de Red Hat. Si le groupe veut rebondir, mieux vaut ne pas saborder son tremplin.

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