Le secteur de la banque mobile va bientôt accueillir un nouveau challenger : La Poste. Le spécialiste de la distribution de courrier entend proposer d’ici l’été 2019 une offre bancaire à destination des jeunes, un segment que le groupe a du mal à conquérir avec sa solution traditionnelle, incarnée par La Banque Postale. C’est ce qu’a confié Rémy Weber, le patron de l’établissement bancaire, aux Échos le 11 novembre 2018.
Les activités bancaires que proposera la plateforme, baptisée Ma French Bank, ne sont pas encore toutes connues. Il est annoncé du crédit à la consommation (ce que propose déjà, par exemple, Orange Bank) mais aussi, plus inhabituel, du financement participatif (« crowdfunding »). Cette dernière activité est de toute évidence l’un des axes La Banque Postale pour « sortir une offre différente des autres ».
Pour accompagner Ma French Bank sur un marché déjà très concurrentiel (Orange Bank, Revolut, N26, Morning…), une enveloppe de 100 millions d’euros sur quatre à cinq ans est prévue. Cette somme est issue des moyens déployés par l’établissement bancaire pour se développer dans la sphère numérique, qui s’élèvent à 1,5 milliard d’euros. Reste à savoir si ce pari sera payant.
Une rentabilité difficile à obtenir
Car la rentabilité domaine de la banque mobile est loin d’être assurée, même pour un gros acteur. Orange Bank a par exemple enregistré 94 millions d’euros de pertes pour 2018, fait savoir Le Parisien. La filiale de l’opérateur présente ce déficit comme des investissements de conquête, pour attirer de nouveaux clients et proposer des innovations. Il n’en demeure pas moins que la situation n’est pas rose.
L’abandon du lancement de la néobanque Fidor en France par BPCE constitue un autre signe de la difficulté d’entrer sur ce marché et d’y rencontrer le succès. « On ne lancera pas Fidor en France. Je crois plus à ce qu’on fait en lançant une offre mobile comme Enjoy qu’en lançant une énième néobanque. Il y en a déjà assez », commentait Laurent Mignon, le patron de BPCE.
Quelques acteurs semblent toutefois tirer leur épingle du jeu. C’est le cas par exemple de Revolut, qui affirmait en début d’année avoir atteint fin 2017 le seuil de la rentabilité, après deux ans d’activité. Ce serait aussi le cas de Compte Nickel (qui a été racheté par BNP Paribas), rapporte La Tribune, dans un article revenant sur les difficultés à établir un modèle économique assurant leur pérennité.
Il reste désormais à savoir si le jeu en vaudra la chandelle. Ce chantier, lancé en 2015 par La Banque Postale, a en tout cas connu quelques retards à l’allumage. Il a été successivement annoncé pour 2017, puis 2018. Désormais, il est question de 2019. Trop en retard pour rattraper la concurrence, qui va continuer à élargir son éventail d’activités ? Cela reste à voir.
My French Banque se dit en tout cas capable de conquérir un million de clients d’ici les cinq prochaines années.
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