Vous voulez profiter du catalogue musical de Spotify, mais vous n’acceptez ni de vous abonner au forfait mensuel ni d’entendre les publicités qui sont diffusées en échange d’une écoute gratuite ? Pour cela, peut-être vous servez-vous d’un logiciel qui sert à bloquer automatiquement toutes les coupures publicitaires qui s’insèrent dans votre session musicale.
Si c’est le cas encore aujourd’hui, vous jouez avec le feu : la plateforme pourrait procéder à la suppression sans préavis de votre compte si elle découvre que vous « contournez ou bloquez des publicités dans Spotify, ou créez ou distribuez des outils conçus pour bloquer des publicités dans Spotify ». C’est en effet ce qui ressort des nouvelles règles d’utilisation du service, mises à jour le 7 février.
Ces consignes actualisées n’ont pas encore été adaptées en français : la dernière mouture des conditions d’utilisation en français date du 1er novembre 2016.
Jusqu’à présent, le service de streaming suédois observait une tactique moins radicale : dans un courrier adressé à sa communauté, la plateforme expliquait qui lui arrivait de désactiver certains accès au motif qu’une activité anormale était détectée. En fait, il s’agissait alors de neutraliser les applications officieuses et d’obliger les resquilleurs à passer par le programme officiel.
En revanche, une désactivation du compte pouvait bien survenir si le fraudeur persistait à enfreindre les règles du jeu.
Cette répression accrue contre les outils nuisant à son modèle économique survenait dans un contexte particulier : l’introduction en bourse de l’entreprise. Fin mars 2018, quelques semaines après avoir évoqué la neutralisation des accès à ses serveurs depuis des applis illégitimes, la société estimait à 2 millions le nombre d’internautes profitant de son catalogue sans rien payer.
Le poids de l’écoute gratuite contre publicité
Par rapport au nombre d’utilisateurs actifs mensuels que revendique Spotify, à savoir 159 millions d’individus selon des statistiques datées de 2017, ces 2 millions de tricheurs ne pèsent évidemment pas beaucoup : ils ne représentent qu’un peu de 1,2 % de l’ensemble des auditeurs — soit un peu plus d’une personne sur cent. Aujourd’hui, selon les chiffres de fin 2018, la plateforme compte 207 millions d’usagers.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le durcissement d’attitude de Spotify à l’encontre des resquilleurs, les revenus issus de la publicité ne pèsent pas lourd dans le modèle économique du service : ils représentent environ 10-11 % du gâteau. L’essentiel est généré par les abonnements mensuels, à 9,99 euros par mois (ou 4,99 euros pour celles et ceux qui ont encore l’ex-formule Spotify Unlimited).
Cependant, c’est du côté de l’accès gratuit contre de la publicité que se trouve la majorité des utilisateurs. On en dénombrait 116 millions fin 2018, contre 96 millions pour les abonnés. Il est donc dans l’intérêt de Spotify de lutter contre les versions anti-publicités de son service, afin de pas créer d’incitation à la fraude et de montrer à sa communauté que le service n’est pas open bar.
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