Souvenez-vous, c’était en 2018 : un article très controversé de Bloomberg proclamait que les cartes mères vendues par l’entreprise américaine Super Micro étaient secrètement trafiquées lors de leur passage sur leur chaîne d’assemblage en Chine. De minuscules puces — dont les dimensions sont plus petites qu’un grain de riz — auraient ainsi été ajoutées afin de pouvoir espionner les entreprises clientes de Super Micro.
L’affaire avait fait grand bruit à l’époque. Bloomberg disait s’appuyer sur de multiples sources gouvernementales, mais qui étaient toutes restées anonymes. Mais le récit du magazine a été immédiatement contesté de toutes parts : Super Micro, le ministère chinois des Affaires étrangères, ainsi que certaines des sociétés présentées comme des victimes, comme Apple et Amazon.
Plus de six mois après la parution de ces « révélations », les lignes n’ont presque pas bougé : Bloomberg reste derrière son article, tout comme les sociétés citées dans l’article. Seule exception : Super Micro. D’après les informations du quotidien économique japonais Nikkei, Super Micro entend progressivement déplacer sa production hors de Chine à cause des craintes que cette affaire a fait germer.
Ainsi, les clients américains de Super Micro, notamment ceux traitant avec les services fédéraux du pays, ont demandé à Super Micro de ne pas leur fournir des composants « made in China ». Le plan de repli de l’entreprise américaine mobilise, selon Nikkei, une usine à Taïwan et des installations directement dans le pays de l’oncle Sam, en pleine Silicon Valley.
Difficultés financières depuis l’article de Bloombeerg
Le groupe, en relative difficulté financière depuis le papier de Bloomberg, n’a guère le choix. Son business dans la vente de serveurs a fortement chuté (60 % de ses clients sont américains) et son chiffre d’affaires devrait reculer de 10 %. Cette mauvaise presse est de nature à lui faire perdre son rang : Super Micro est aujourd’hui le troisième fournisseur du secteur, derrière HP et Dell.
La réorganisation de la chaîne d’assemblage de Super Micro n’est toutefois pas liée exclusivement à l’article de Bloomberg. Un autre facteur, plus global, a nécessairement joué dans la décision de l’entreprise américaine : la guerre commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis, qui a bout conséquence de relever les droits de douane de nombreux produits entrant sur le territoire américain.
Dans tous les cas de figure, il y a un enjeu économique décisif pour Super Micro, voire de survie. Car la hausse du coût des produits fabriqués en Chine qui sont destinés au marché américain et la peur autour de l’espionnage technologique de la Chine — en témoigne tout ce qui se passe autour de la 5G et des efforts de Washington d’évincer Huawei de tous les chantiers de ses alliés — menacent ses activités.
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