Certes, la guerre des prix dans les télécoms s’est significativement réduite ces derniers temps, offrant aux opérateurs un répit et une possibilité de rebond. Il n’empêche : dans un contexte de concurrence exacerbée entre les quatre entreprises du secteur, avec parfois des offres étourdissantes, comme des promotions à vie, il est remarquable de constater que les investissements n’ont pas été délaissés.
Ce constat, c’est l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes qui le fait. Tirant le bilan de l’année 2018, le régulateur note que les quatre opérateurs — Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile — n’ont pas seulement maintenu un haut degré de financement dans les réseaux fixes et mobiles : ils ont aussi battu un nouveau record.
« Le montant des investissements a augmenté de 40% en quatre ans »
La hausse est continue depuis 2014, passant de 7 milliards à 9,8 milliards d’euros l’an passé. « Le montant des investissements a augmenté de 40% en quatre ans », relève ainsi le gendarme des télécoms. C’est au milieu des années 2010 qu’une vraie rupture se produit avec la décennie précédente : auparavant, un certain rythme de croisière, entre 6 et 7,5 milliards d’euros, pouvait être observé.
On serait tenté de lier cette montée en puissance à l’arrivée de Free dans le secteur de la téléphonie mobile, mais il s’avère que l’accroissement des efforts des opérateurs se fait au niveau de l’Internet fixe. Certes, les investissements dans le mobile ont aussi connu une hausse, mais ils se chiffrent en millions d’euros. Dans les réseaux filaires, cela se compte en milliards d’euros. Là est la locomotive.
La locomotive fibre optique
Et dans les réseaux filaires, c’est la fibre optique qui est en plein boom. « La croissance de l’investissement provient, en totalité cette année, de l’augmentation des dépenses des opérateurs dans le déploiement réseaux de fibre optique jusqu’au domicile (FTTH) ». On compte 4,8 millions de foyers accédant au net par ce canal et 13,6 millions de locaux sont par ailleurs éligibles.
L’autorité de régulation des télécoms « se félicite » évidemment de cette trajectoire qui n’a pas connu de pause depuis 2014 et qui est « nécessaire pour répondre aux besoins du pays ». Mais gare à ne pas baisser la garde : les opérateurs doivent « être au rendez-vous de la fibre et de la 5G » et, donc, « à poursuivre leurs efforts ». Dans le cas de la 5G en particulier, il y aura l’enjeu de l’achat des fréquences.
L’acquisition de ces ressources doit démarrer cette année et se terminer début 2020. Les modalités de distribution doivent être précisées par le régulateur, au cours de l’été, et elles devront tenir compte des objectifs fixés par le gouvernement (couverture du territoire, date de mise en service, maintien d’un cadre concurrentiel, etc). Les opérateurs devraient dépenser des milliards d’euros à cette occasion.
À titre de comparaison, la vente de fréquences dans les bandes 2,6 GHz et 800 MHz, qui servent à acheminer les communications en 4G, avait rapporté à l’État 936 millions et 2,6 milliards d’euros, respectivement. Concernant la bande 700 MHz, les opérateurs ont déboursé ensemble 2,8 milliards d’euros pour acquérir les blocs mis en vente. Cela donne une petite idée de ce qui devrait se produire pour la 5G.
À ce propos, le suivi que réalise l’Arcep sur le niveau d’investissement des opérateurs exclut justement les sommes mobilisées pour l’acquisition de fréquences — qui sont de fait des dépenses très ponctuelles, même si elles sont ensuite amorties dans le temps. Pour le dire autrement, les opérateurs dépensent en réalité beaucoup plus pour les télécoms en France que ce montre l’Arcep.
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