Révocation de la licence Android, suspicions d’espionnage au profit de Pékin, suspension des contrats avec certains fournisseurs-clés, bannissement du marché de la 5G aux États-Unis… en l’espace de quelques semaines, Huawei a subi un torrent de mauvaises nouvelles et son salut ne semble pouvoir dépendre que d’une accalmie sur le front de la guerre commerciale sino-américaine.
En attendant un hypothétique rabibochage entre Pékin et Washington, toute cette affaire est désastreuse pour la notoriété de l’entreprise chinoise. Au point d’ailleurs de peser désormais sur ses ventes de smartphones, d’après les informations glanées par Bloomberg. Et ce n’est pas que le marché nord-américain qui est touché : en Europe aussi, les positions de Huawei sont en danger.
Au Royaume-Uni, une hausse des reventes de smartphones Huawei a ainsi été constatée et les opérateurs locaux ont retiré certains fleurons de l’équipementier asiatique de la liste de leurs produits phares. À quoi bon en effet promouvoir des appareils qui risquent de ne plus pouvoir accéder aux services fournis par Google, à la boutique d’applications et aux mises à jour Android.
Huawei a toutefois voulu se montrer rassurant. Il « continuera d’apporter les mises à jour de sécurité et d’assurer les services d’après-vente à tous les smartphones et tablettes déjà vendus et tous ceux disponibles sur le marché à travers le monde », a-t-il déclaré lorsque Google a annoncé la révocation de la licence Android, afin de se mettre en conformité avec les décisions de son gouvernement.
Une chute des ventes en France
En France aussi, la couverture médiatique sur les difficultés du géant des télécoms pèse sur l’opinion du consommateur. En se basant sur les confidences d’un représentant de l’industrie des télécommunications, la vente des smartphones haut de gamme de la marque chinoise a chuté de 20 % une semaine après l’annonce des États-Unis de mettre Huawei sur liste noire.
Contacté par nos confrères de FrAndroid, Huawei n’a pas pas souhaité revenir sur ses récentes performances commerciales à l’aune des derniers développements entre Pékin et Washington, préférant se contenter de mentionner l’institut GFK qui a relevé que Honor (une marque de Huawei) est la cinquième marque de smartphone en France au premier trimestre 2019.
Faute d’une trêve ou d’un accord entre les deux superpuissances, il est à craindre que la situation s’aggrave pour Huawei.
Le discours des vendeurs risque en effet de changer dans les boutiques des télécoms — si ce n’est pas déjà le cas — lorsqu’il s’agira de conseiller un client pour son futur smartphone. Idem dans les guides d’achat des sites généralistes ou spécialisés. Recommander l’une des marques de l’entreprise chinoise ne va plus avoir grand sens, ce qui va de fait, là aussi, orienter le consommateur ailleurs.
Comment, en effet, avoir confiance dans une marque sur laquelle plane une telle incertitude ?
Officiellement pourtant, Huawei assure, contrairement à ce qu’a rapporté début juin la presse hongkongaise ne pas avoir réduit son niveau de production mondial pour laisser passer l’orage. Celui-ci serait toujours à son rythme de croisière, alors que le South China Morning Post évoque l’arrêt de plusieurs lignes de production de mobiles Huawei dans les centres d’assemblage de Foxconn.
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