En 2004, l’industrie du disque fédérée au sein de l’IFPI (Fédération Internationale de l’Industrie du Disque) avaient tablé sur un marché numérique représentant un quart de leur production d’ici 2010. Il va vraiment falloir se retroucher les manches. Fin 2007, en France, le SNEP annonce que le numérique (téléchargements et sonneries) représente seulement 7 % des 317,8 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés au premier semestre de l’année. Pire, avec 23 millions d’euros sur le « marché digital », c’est une progression de seulement 13,7 % sur l’année dernière ; un chiffre ridicule pour un marché naissant censé exploser et compenser à terme les ventes de CD traditionnels. Sans cesse déclinante, la croissance du numérique pourrait vite se transformer en récession.
Alors le SNEP croise les doigts très fort, et espère que les nouvelles offres apparues cet été (en particulier Neuf Cegetel, Deezer…) vont créer l’étincelle que tout le monde attend. Prenons les paris.
En attendant, la priorité des priorités pour le Syndicat National de l’Edition Phonographique reste… la répression pénale contre les internautes pirates. Ca tombe bien, le patron de la FNAC Denis Olivennes travaille dessus au nom du gouvernement (il faudra penser à demander à José Bové qu’il préside la commission sur le maïs transgénique). « Il y a une volonté politique très forte, remontant jusqu’à Nicolas Sarkozy, de remettre de l’ordre dedans« , affirmait hier Christophe Lameignère, président du SNEP et de Sony BMG France. Tant qu’il y a de l’espoir…
La maison brûle et nous regardons ailleurs
Le marché français du disque a chuté encore ce semestre de 17 % par rapport à l’an dernier. En cinq ans, c’est une division par deux. Et depuis cinq ans, la lutte contre le piratage reste pour les habitants de la maison la priorité des priorités. L’abandon pur et simple des DRM, le développement d’offres sur abonnement bon marché et ergonomiques, la politique de communication positive basée sur la carotte plus que sur le bâton, la revalorisation de l’artiste (et de ses contrats)… tout cela vient après, doucement, très doucement. Trop doucement.
L’oraison funèbre continue de se dessiner sous les yeux d’une industrie de la musique enregistrée qui a commis depuis Napster essentiellement une seule erreur, mais de taille : ne pas écouter les demandes répétées de ses (potentiels) clients et leur répéter chaque jour qu’ils sont déjà des voleurs, ou des voleurs en puissance. Elle a brisé le lien magique qui lie les artistes à leur public, elle a brisé la confiance, et plus grave, le respect.
Un respect essentiel à tout commerçant qu’aucune politique pénale ne réussira jamais à rétablir.
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