Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, faudra-t-il que les internautes acceptent que leurs commandes passées sur les sites de e-commerce mettent du temps à arriver ? En effet, la tendance en faveur des délais de livraison les plus courtes possibles (livraison le jour-même ou en un jour ouvré) a aussi pour effet d’obliger les entreprises à recourir de plus en plus à l’avion.
C’est typiquement le cas d’Amazon. Le Wall Street Journal rapporte que le leader du commerce électronique est en train d’étendre ses activités de fret aérien aux États-Unis, en ajoutant à sa flotte actuelle des avions supplémentaires afin de relier ses centres de distribution et ainsi accroître la portée de son service de livraison en quelques heures.
Il s’agira de quinze avions Boeing 737-800 reconvertis dans le transport de fret. Ils viendront s’ajouter aux cinq autres exemplaires que le site exploite déjà, ainsi qu’aux quarante aéronefs de gabarit plus imposant (des Boeing 767) également mobilisés. D’ici 2021, Amazon devrait opérer une flotte de soixante-dix avions pour assurer ses livraisons aux USA.
Il y a trois ans, Amazon annonçait avoir conclu un accord avec l’entreprise américaine Air Transport Services Group pour lui louer vingt avions de transport de type Boeing 767 sur une durée de cinq à sept ans. Là encore, les nouveaux aéronefs seront simplement loués par l’entreprise américaine. Cela étant, même s’il ne possède pas ces appareils, Amazon doit investir dans des infrastructures pour les accueillir.
Des livraisons qui favorisent la pollution ?
L’effort accru d’Amazon dans les liaisons aériennes interpelle, évidemment, au regard des émissions de gaz à effet de serre que le secteur aérien provoque — environ 2 à 3 % des productions de CO2 au niveau mondial, et alors que celles-ci sont en hausse de 62 % entre 1990 et 2012 à cause de la hausse du trafic, rapporte Le Monde, malgré les efforts des industriels pour les limiter.
En comparaison, le train apparaît comme une solution bien moins néfaste pour le climat. Dès 2006, L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie rappelait qu’un train émet nettement moins de gaz à effet de serre qu’un avion. Même son de cloche chez l’Agence internationale de l’énergie : si l’on se focalise sur la part des émissions de CO2 par type de transport, l’avion pèse 12 % du secteur… contre 3 % pour le train, qui est classé dans « autres ».
Le train apparaît dans ces conditions comme beaucoup plus vertueux, à condition de se faire à l’idée de recevoir ses commandes quelques jours plus tard, mais encore faut-il que les lignes de chemin de fer existent pour faire circuler le fret. Or, outre la question du maillage du réseau ferré, il y a aussi celle de l’état des infrastructures, qui n’est pas dans un bon état.
Évidemment, ni le train ni l’avion ne sont en mesure de délivrer les colis jusqu’aux clients. Une fois en gare ou à l’aéroport, ce sont les camions et les voitures qui prennent le relais et le transport routier est la catégorie qui génère le plus de pollution, quelle que soit la façon dont les marchandises ont été récupérées. Cela étant, la lutte contre le réchauffement climatique est un combat qui se fait à tous les niveaux.
L’exigence de sobriété que l’on voit maintenant fleurir partout pourrait donc finir par s’imposer aux entreprises qui misent sur les liaisons aériennes pour livrer vite. À l’image de « la honte de prendre l’avion » qui saisit depuis peu certains passagers, l’on verra peut-être aussi naître un sentiment de malaise à l’idée de vouloir le plus vite possible le dernier bibelot tendance sur Amazon.
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