Si Donald Trump voulait nuire aux affaires de Huawei, c’est raté. Au cœur d’un bras de fer commercial sino-américain, la société chinoise a présenté ses résultats financiers pour le 1er semestre 2019 : le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle affiche une vigueur presque insolente malgré les efforts des États-Unis de lui mettre des bâtons dans les roues, sur son territoire, mais aussi chez ses alliés.
Signe de cette dynamique favorable, la hausse du chiffre d’affaires entre 2018 et 2019 de 23,2 % pour atteindre 58,3 milliards de dollars au cours du premier semestre — il convient de noter que jusqu’ici Huawei n’avait pas l’habitude de communiquer en termes de semestre, mais de trimestre, ce qui serait une manière habile de présenter des résultats très positifs en temps de crise.
Ce premier semestre, qui s’étend de janvier à juin, couvre pourtant la période de mai, qui fait office de véritable visage. C’est à cette date que Donald Trump a annoncé, au nom de la sécurité nationale, l’exclusion de Huawei dans les réseaux.
Pas de signe évident d’un ralentissement
Si cela a eu un effet sur les ventes de smartphones du groupe, il n’est pour l’instant pas criant : la société déclare avoir écoulé 118 millions de smartphones dans le monde (une hausse de 24 % sur un an). C’est un peu moins qu’entre 2017 et 2018, avec une progression de 30 %. Cette légère inflexion est-elle due à une frilosité du public face à la situation de Huawei ? Sans doute a-t-elle pu jouer, mais peut-être à la marge.
Il faut savoir que Google a pris la décision au mois de mai de révoquer la licence Android que détenait son partenaire chinois, afin de se mettre en conformité avec les consignes de la Maison-Blanche. Un sursis de trois mois a certes été décrété pour permettre à chacun de prendre les dispositions qui s’imposent, mais le temps file vite : beaucoup ne savent pas ce qu’il va vraiment se passe ensuite.
Les deux autres grandes activités du groupe, à savoir la partie business et la fourniture d’équipements pour les réseaux, affichent aussi de bons résultats. Pour ce qui est de la 5G plus spécifiquement, Huawei affirme avoir sécurisé 50 contrats commerciaux et fournis plus de 150 000 stations. C’est justement sur la 5G que les positions se sont tendues, car Huawei est accusé d’agir en sous-main au profit de Pékin.
Huawei n’est pas encore rentré dans le dur
Il reste maintenant à savoir si cela perdurera au cours du second semestre 2019, là où les choses risquent d’entrer dans le dur. À ce moment-là, il ne sera peut-être plus possible de mettre à jour son smartphone Huawei équipé du système d’exploitation d’Android, ce qui incitera les personnes souhaitant renouveler leur mobile à voir ce qu’il se passe du côté de la concurrence.
Le président de l’entreprise, Liang Hua, a admis que des « des difficultés » peuvent lui barrer la route. « Elles peuvent influer sur le rythme de notre croissance à court terme », a-t-il ajouté. Car si Donald Trump a adouci son propos et que les négociations entre Pékin et Washington ont repris, il y a toujours un cordon sanitaire américain autour de la marque asiatique qui n’est pas tout à fait levé.
« Nous surmonterons ces défis et nous sommes confiants que Huawei entrera dans une nouvelle phase de croissance après que le pire soit derrière nous », a jugé Liang Hua. En réalité, tout dépendra de l’issue des discussions sino-américaines. Or, avec un président américain pour le moins imprévisible, l’accalmie peut sans crier gare céder la place à la tempête.
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