En fin de compte, Huawei ne quittera peut-être pas le marché américain ce lundi 19 août 2019. Alors que s’achève à cette date le sursis accordé à l’entreprise chinoise avant sa mise à l’index aux États-Unis, deux sources consultées par Reuters affirment que le département du Commerce est prêt à lui octroyer un nouveau répit. En principe, la nouvelle doit être officialisée dans la journée.
Si ce délai est confirmé, Huawei pourra donc continuer à faire des affaires avec ses clients et fournisseurs américains jusqu’en novembre 2019 : en effet, il est question de prolonger sa licence générale temporaire de 90 jours — soit la même durée que celle du premier répit qui lui avait été accordé ce printemps. En effet, Washington avait mis sur liste noire Huawei en mai, tout en lui ménageant un sursis.
À l’époque, la décision de la Maison-Blanche avait été motivée pour des raisons de sécurité nationale. Officiellement, il s’agit de mettre fin à « l’acquisition ou l’utilisation sans restriction », par les firmes américaines, de matériels et de logiciels « conçus, mis au point, fabriqués ou fournis par des personnes appartenant à des adversaires étrangers, contrôlées par eux ou soumises à ceux-ci », si un risque est manifeste.
Très clairement, l’ordre présidentiel a été pensé et rédigé en ayant Huawei en tête : ce fleuron de l’industrie chinoise, qui est aujourd’hui le leader mondial des télécoms, tout particulièrement dans la 5G, la future génération des communications mobiles, est accusé par les USA d’agir en sous-main pour le compte de Pékin : l’équipementier faciliterait ainsi l’espionnage chinois.
Un sursis pour ménager l’industrie américaine
Cette accusation a toutefois été affaiblie par Washington lui-même, lorsqu’il est apparu au grand jour que Huawei est un levier dans les négociations bilatérales sino-américaines sur leurs relations commerciales. Donald Trump a ainsi suggéré lors du G20, en juillet, que le business avec Huawei peut se poursuivre, à la condition que les équipements en jeu ne posent pas de problème de sécurité nationale.
Avec le prolongement attendu de cette période de transition, de trois mois de plus, le caractère d’urgence que suggérait le président américain pour exclure Huawei n’a plus beaucoup de sens : la déclaration du mois de mai n’est pas complètement traduite en actes et cette extension du sursis (qui pourrait désormais en appeler d’autres) apparaît plutôt comme une tactique dans le bras de fer entre les deux pays.
Mais il s’agit aussi d’une manœuvre pour minimiser et retarder les effets économiques du bannissement de Huawei auprès des entreprises américaines elles-mêmes. En effet, il y a de nombreux groupes outre-Atlantique qui commercent avec le géant des télécoms chinois : c’est le cas de Qualcomm, Broadcom, Intel et Xilinx pour ce qui est des puces, mais aussi des opérateurs télécoms locaux.
Elle pose aussi une difficulté pour Google, qui supervise le système d’exploitation Android : la firme de Mountain View a été contrainte de révoquer la licence de Huawei, alors que la société est l’un des plus gros vendeurs de smartphones au monde. Or aujourd’hui, Huawei a bien compris quel est le danger de dépendre d’autrui : la preuve, l’entreprise se mobilise pour créer HarmonyOS, son OS maison, rival d’Android.
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