Le PDG d’Apple, Tim Cook, aurait-il réussi à démontrer à Donald Trump que les droits de douane visant la Chine pénalisent aussi indirectement les entreprises américaines ? Il est sans doute encore un peu trop tôt pour le dire, tant ces taxes sont au cœur de la stratégie du président des États-Unis pour contraindre Pékin à avoir des pratiques commerciales plus conformes à ses vues.
Cependant, le locataire de la Maison-Blanche a fait une déclaration inattendue, le 18 août. À l’issue d’une rencontre avec le patron de la firme de Cupertino, à Bedminster un canton situé dans le New Jersey, aux États-Unis, Donald Trump a admis implicitement les limites de sa manœuvre : pendant que les Américains et les Chinois s’écharpent, d’autres pays tirent leur épingle du jeu.
Spécifiquement, la conversation entre les deux hommes a tourné autour de Samsung — qui est le principal concurrent d’Apple et le premier vendeur mondial de smartphones — et de la Corée du Sud. Dans un échange relayé par ABC, alors qu’il se trouvait encore sur une base aérienne, le président américain a déclaré avoir parlé des taxes d’importation avec Tim Cook et des problématiques que leur hausse provoque dans le cadre d’une économie et compétition mondialisées.
« L’un des points, et il l’a bien expliqué, c’est que Samsung est leur principal concurrent, et Samsung ne paie pas de droits de douane parce que l’entreprise est basée en Corée du Sud », fait-il observer. « Et il est difficile pour Apple de payer des droits de douane s’ils sont en concurrence avec une très bonne entreprise qui n’y est pas soumise. […] Et j’ai pensé qu’il avait un argument très convaincant, alors j’y pense ».
Nouvelles hausses de taxes
Donald Trump a fait ses remarques alors que les USA s’apprêtent, dès le 1er septembre de cette année, à augmenter de 10 % des taxes à l’importation en provenance de Chine. Apple n’y coupera pas, bien que certains produits seront épargnés jusqu’au mois de décembre pour ne pas nuire au consommateur américain avant les fêtes de Noël (c’est le cas des ordinateurs, des consoles de jeux vidéo et des smartphones.
Parmi les équipements qui subiront la hausse figurent les montres connectées (Apple Watch), les écouteurs et casques sans fil (AirPods) et les enceintes connectées (HomePod). Si cette hausse est effectivement appliquée à la date prévue, Apple devra décider s’il l’absorbe en rognant ses marges ou s’il la répercute sur le prix final que doit payer sa clientèle américaine.
Apple compte trop sur la Chine
Contrairement à Apple, dont les lignes de production sont essentiellement basées en Chine, Samsung a une chaîne d’approvisionnement plus diversifiée : seules deux des sept usines qui produisent des puces pour Samsung se trouvent en Chine. Les autres sont localisées en Corée du Sud (pour quatre d’entre elles) et aux USA (pour la dernière). Quant à la production de smartphones, elle se fait pour plus de la moitié au Vietnam. Il existe aussi des installations en Inde, au Brésil, en Indonésie, en Corée du Sud et, bien sûr, en Chine.
Du fait de la guerre commerciale entre les USA et la Chine, et des hausses régulières des droits de douane entre les deux pays, Apple établit des plans depuis des mois pour voir la faisabilité d’un transfert d’une partie de sa production hors de Chine, ce qui lui permettrait de sortir du champ de tir sino-américain. Plusieurs pays asiatiques sont considérés, de la Malaisie au Vietnam, en passant par l’Indonésie. Le Mexique, Taïwan (ce que souhaite le PDG de Foxconn, un sous-traitant historique d’Apple) et l’Inde (où Apple produit déjà son iPhone pour le marché local) sont d’autres points de chute éventuels.
En attendant une éventuelle redistribution de la production sur l’échiquier international, Apple — comme le reste de l’industrie d’ailleurs — fait son possible pour inciter la Maison-Blanche à renoncer à cette guerre commerciale. Ou, à tout le moins, qu’elle opte pour une autre stratégie qu’une hausse continue des droits de douane. Des mises en garde ont ainsi été adressées à l’exécutif, fin 2018 et juin 2019.
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