C’est une première chez les géants de la tech. Environ 400 employés de Microsoft ont décidé de partager leur salaire avec leurs collègues et ont rendu ces chiffres publics. L’objectif est de déterminer s’ils sont rémunérés à leur juste valeur et éventuellement de gommer certaines inégalités salariales.
Dave Gershgorn de OneZero (une page Medium dédiée à la technologie et aux sciences) a analysé les données et détaille les résultats ce vendredi 13 septembre.
Jusque 320 000 dollars par an
Les salaires communiqués oscillent entre 40 000 et 320 000 dollars par an, soit entre 36 000 et 289 000 euros environ. Les employés et employées les ont donnés via un groupe Facebook privé. Tous sont embauchés à temps plein chez Microsoft. « Partagez vos informations anonymes pour que nous puissions tous être payés plus », stipulait le groupe.
Les données montrent que le niveau de compétences et le poste occupé sont plus valorisés que l’ancienneté chez Microsoft, ou l’expérience dans d’autres firmes.
Des employés ont confié à OneZero qu’ils avaient des techniques répandues pour obtenir une augmentation de salaire. Ils quittent Microsoft, vont travailler chez d’autres grosses entreprises comme Amazon ou des startup, montent en grade là-bas, puis reviennent chez Microsoft. Ils obtiennent alors un meilleur salaire.
Plus les employés ont des salaires importants, plus une part élevée de leur rémunération est versée sous forme d’actions dans l’entreprise. Certains touchent jusqu’à 40 % de leur salaire sous forme de bonus (actions et primes). Les actions à elles seules peuvent en représenter jusque 20 %. Les primes restent relativement proportionnelles au salaire, comme on peut le voir sur cette courbe (où les chiffres en ordonnée indiquent le niveau de l’employé, calculé en fonction de son niveau, son ancienneté, etc) :
Des données représentatives ?
Les données manquent parfois de précision. Il n’est pas stipulé si les primes sont des bonus pour une mission spécifique ou des primes régulières. Les femmes ne sont pas différenciées des hommes, alors que les écarts de salaires entre eux sont régulièrement dénoncés dans la Silicon Valley. Google avait d’ailleurs été poursuivi pour ce motif en 2017. De la même manière, le document ne distingue pas les personnes blanches des personnes noires ou asiatiques, gommant ainsi de potentiels écarts salariaux liés à des discriminations systémiques.
Enfin, les 400 personnes qui ont communiqué leur salaire ne représentent qu’une toute petite partie des 144 000 personnes qui travaillent chez Microsoft au total.
L’auteur de la publication Medium note que la plupart de ceux qui ont répondu étaient des développeurs de logiciel de niveau ingénieur, qui travaillent dans l’État de Washington. Ils étaient pour la plupart dans cette société depuis 3 ans mais à leur poste actuel depuis un an. En moyenne, leur salaire est de 150 000 dollars annuels, plus 20 000 dollars en cash et 15 000 dollars en actions.
Des salaires peu transparents
Si les données ne sont pas suffisamment nombreuses pour affirmer qu’il s’agit d’un phénomène récurrent, Dave Gershgorn constate par exemple de fortes inégalités entre les ingénieurs qui travaillent en Inde et leurs homologues de Washington. Un développeur gagne en Inde moins de 50 000 dollars par an contre 150 000 dollars à Washington. Les seconds gagnent aussi jusqu’à 10 fois plus de bonus. Cela peut s’expliquer en partie par le coût de la vie locale mais l’écart entre les chiffres pose malgré tout question.
La transparence des salaires est particulièrement faible dans le milieu des nouvelles technologies, explique Dave Gershgorn. « On promet des emplois rémunérateurs mais il y a peu d’indices pour savoir à quel niveau chaque entreprise se place », regrette-t-il. Chez Microsoft, les employés se prêteraient à ce jeu du partage de salaire tous les ans en privé, a indiqué l’un d’entre eux à OneZero. C’est la première fois que les résultats sont rendus publics.
L’entreprise ne les a pas commentés publiquement pour le moment.
En 2015, plusieurs milliers d »employés de Google avaient partagé leurs salaires en interne, selon une ex-ingénieure, Erica Baker. Ce type d’initiative deviendrait de plus en plus commune dans le secteur.
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