La livraison à domicile est devenue une option de choix pour de nombreuses personnes confinées, mais un casse-tête pour Amazon. Et une source d’inquiétude légitime pour les salariés.

Avec la fermeture des commerces non essentiels depuis le 15 mars et la mise en place, deux jours plus tard, d’un confinement généralisé, la livraison est devenue pour beaucoup de Français et de Françaises la meilleure option pour se réapprovisionner sans avoir besoin de sortir ni de devoir produire une attestation de déplacement en cas de contrôle par les forces de l’ordre.

Seulement voilà, l’option de la livraison n’est pas sans poser des problèmes cruciaux pour les entreprises de commerce électronique, sur les plans logistique et sanitaire. Preuve en est avec les annonces du géant du secteur, Amazon, qui le 16 mars a ouvert 100 000 nouveaux postes à temps plein et à temps partiel sur tout le territoire des États-Unis, pour encaisser la hausse des commandes.

Ces achats risquent toutefois de connaître des perturbations, en raison de la situation sociale des salariés travaillant dans les entrepôts, mais aussi de la nature des produits qui sont achetés par le public.

Des salariés inquiets pour leur santé

Ainsi, des salariés de divers sites d’Amazon en France (sont cités ceux de Chalon, Douai Montélimar et Nord-Pas-de-Calais) ont procédé à des débrayages à partir du 17 mars, et encore aujourd’hui, rapporte le compte AgitationsToto sur Twitter, pour protester contre des mesures d’hygiène insuffisantes ou absentes, alors que le virus peut persister plus ou moins longtemps selon le type de surface.

« Il y a appel a la grève […] car les salariés refusent de travailler dans les sites où rien n’est fait pour les protéger. Non respect des règles des distances de sécurité, manque de gel hydroalcoolique, pas de nettoyage, pas de désinfection ou très peu. La direction ne prend pas la mesure de l’épidémie et met ces salariés en danger grave », écrit-il dans une série de tweets.

Selon Business Insider, le 16 mars, Amazon aurait refusé de fermer deux entrepôts basés en Espagne malgré trois cas confirmés de coronavirus. Selon un employé travaillant sur place, la direction a exclu la fermeture des deux sites en cause, provoquant ainsi de vives tensions avec les syndicats. De son côté, Amazon déclare que « la santé et la sécurité sont une priorité absolue dans tous nos rôles et sites ».

« Nous continuons à consulter des experts médicaux et sanitaires et prenons toutes les précautions recommandées dans nos bâtiments et nos magasins pour maintenir les gens en bonne santé. Nous avons pris des mesures pour promouvoir la distanciation sociale sur le lieu de travail et avons procédé à des nettoyages plus fréquents, pour n’en citer que quelques-uns », déclare-t-il.

La manière dont s’organise le commerce en ligne pour s’adapter à la pandémie engendre de nombreux débats. À la fois parce que c’est l’unique solution pour des personnes âgées, isolées ou souffrant de pathologies graves pour s’alimenter, faute de solidarité, mais aussi parce que la santé du personnel dans les entrepôts et des livreurs est de fait plus exposée. Sans parler des effets de déshumanisation ou d’invisibilisation.

Amazon priorise certains produits

À ces défis s’ajoutent des ruptures momentanées de produits. Contacté par Numerama, Amazon France indique que « certains produits tels que ceux de base, d’hygiène et de santé et autres produits à forte demande sont en rupture de stock », du fait d’une progression inhabituelle des achats sur sa plateforme. D’où la décision prise le 17 mars de privilégier certains produits, au détriment d’autres.

Ainsi, Amazon confirme que la priorité de l’accès à ses centres de distribution est donnée à ces biens, « afin de pouvoir [les] recevoir, réapprovisionner et livrer plus rapidement. Nous comprenons qu’il s’agit d’un changement dans l’activité de nos vendeurs partenaires et nous apprécions leur compréhension ». Cette politique reste en vigueur jusqu’au 5 avril. Elle pourrait être prolongée si la crise dure.

C’est dans ce contexte très particulier qu’Amazon a également annoncé une revalorisation du taux horaire, mais provisoire. Celle-ci progresse de 2 euros en Europe (et 2 dollars aux USA, 2 livres sterling au Royaume-Uni, etc.) et complète le taux horaire actuel. Un effort de 350 millions de dollars au global, met en avant Amazon. Mais une hausse qui ne durera qu’en mars et avril.

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