Et si relever le plafond du paiement sans contact permettait de contribuer à combattre le risque d’infection au SARS-CoV-2 ? Cette idée est soutenue par l’Autorité bancaire européenne. Mais le nouveau plafond envisagé est en décalage avec la réalité du confinement.

La crise sanitaire que traverse le monde entier avec l’épidémie de coronavirus va-t-elle avoir raison des plafonds actuels en matière de paiement sans contact ? En tout cas, elle pourrait bien pousser le secteur bancaire à rehausser les limites actuelles, afin de faciliter des achats en magasin sans avoir besoin de toucher le terminal de paiement pour insérer sa carte ou les boutons pour composer son code secret.

Payer sans contact

Comme son nom l’indique, il suffit d’approcher sa carte bancaire de la borne de paiement et d’attendre la validation sonore pour finaliser l’achat. Rien de plus. Il n’y a ni code PIN à taper, ni carte bleue à insérer. Il faut bien sûr avoir une carte bancaire compatible. Ce service existe aussi sur smartphone.

Le 25 mars, l’Autorité bancaire européenne a déclaré « noter l’importance des services de paiements pendant cette période » et, ce faisant, « recommande l’utilisation de paiements sans contact jusqu’à 50 euros ». L’instance « encourage » par ailleurs les clients comme les commerçants à opter pour toutes les mesures sanitaires adéquates pour limiter les risques de rencontre avec le SARS-CoV-2.

Aujourd’hui, il existe un double plafond concernant le paiement sans contact avec une carte bancaire, ceci afin de limiter des dépenses indésirables en cas de perte ou de vol de ce moyen de paiement : 30 euros par achat (depuis 2017) et une limite quotidienne de dépense, qui va de 50 à 100 euros selon les établissements bancaires. Pour aller au-delà, il faut valider le paiement avec son code secret.

carte de débit bancaire paiement nfc

Un terminal de paiement et une carte bancaire.

Source : rawpixel

Même actualisé, ce plafond risque de ne pas suffire dans un contexte de confinement, où la population est justement incitée à ne pas faire ses courses régulièrement, mais à prendre des provisions pour plusieurs jours. Or, que ce soit pour une personne seule, un couple ou une famille, le panier d’achat est susceptible de dépasser très largement la limite actuelle de 30 euros ou celle envisagée de 50 euros.

La réflexion est de toute évidence en cours en France, selon Les Échos, mais le groupement en charge des cartes bancaires paraît vouloir avancer avec prudence en la matière, faisant remarquer « il n’existe aucune tension sur les paiements sans contact en France ». Une piste alternative pourrait être d’autoriser deux paiements sans contact à la suite, pour un total de 60 euros. Mais ça ne résout pas vraiment la problématique.

Et le paiement sans contact sur smartphone ?

Le paiement sans contact par smartphone marche aussi, mais les limites concernant les cartes bancaires ne s’appliquent pas, car le système de validation est différent et inclut une authentification de la personne qui va procéder à l’achat — ce que ne permet pas la carte bancaire sans contact, car il faudrait sinon taper le code secret, ce que l’on cherche à éviter précisément avec cette méthode.

Apple Pay utilise la puce NFC de l'iPhone, à laquelle les autres développeurs n'ont pas droit. // Source : Apple

Apple Pay utilise la puce NFC de l'iPhone, à laquelle les autres développeurs n'ont pas droit.

Source : Apple

Ainsi, en passant par Apple Pay, Samsung Pay ou encore Google Pay, un mobinaute ne se heurtera pas au plafond de 30 euros par achat, mais à celui de sa carte bancaire — qui est très supérieur, de plusieurs centaines ou milliers d’euros. Ces applications authentifient de fait l’individu, par exemple par biométrie (Touch ID ou Face ID pour Apple), car cette étape remplit le même office que le code secret.

Reste une question : quid de la fraude ? En France, celle liée aux paiements sans contact serait extrêmement faible. En 2017, l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement relevait dans son rapport annuel que le taux de fraude se situe à 0,020 %. En comparaison, les paiements à distance se situent à 0,161 %. Il est même plus faible que la fraude aux retraits des distributeurs (0,027 %).

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