Voilà une demande qui, si elle aboutit, pourrait bien provoquer un vif agacement chez SFR et Bouygues Telecom : en effet, l’alliance provisoire entre Free Mobile et Orange pourrait durer plus longtemps que prévu. Le 3 avril 2020, le régulateur des télécoms a fait savoir qu’il a reçu un avenant signé par les deux opérateurs demandant justement l’autorisation de prolonger de deux ans leur coopération dans les télécoms.
Ce dont il s’agit ici, c’est de l’itinérance des communications en 2G et 3G. En 2011, il a été décidé d’ouvrir le marché de la téléphonie mobile à un quatrième opérateur, en plus d’Orange, SFR et Bouygues Telecom. Ce nouvel entrant, Free Mobile, partait toutefois avec un sacré handicap : il n’avait pas de réseau. Or, comment attirer des clients, donc survivre commercialement, s’il ne peut rien leur proposer ?
Pour résoudre ce dilemme, la piste de l’itinérance provisoire a été suivie : un opérateur, en l’occurrence Orange, a proposé de porter les liaisons 2G et 3G du nouvel entrant, pendant que celui-ci construisait son propre réseau. Une assistance bien sûr payante : Free Mobile a dû verser des centaines de millions d’euros à son partenaire. Mais de cette façon, il a pu lancer ses offres début 2012.
Aux dernières nouvelles, cette itinérance devait s’achever le 31 décembre 2020, en partant du principe que Free Mobile a eu assez de temps pour tenir ses obligations de déploiement — l’opérateur est censé maintenant pouvoir voler de ses propres ailes (ce qu’il fait déjà en 4G, cette norme n’étant pas incluse). D’autant que cette rupture à venir s’accompagne d’une chute progressive des débits par Orange à Free Mobile.
Une séparation reportée en 2022 ?
Désormais, le divorce est envisagé pour le 31 décembre… 2022.
Pourquoi ? Parce qu’il a été constaté, explique le régulateur des télécoms, « l’impossibilité pour Free Mobile de rattraper le standard de couverture du marché qui a nettement augmenté » — même si Free Mobile assure ne pas s’être tourné les pouces. L’Autorité de régulation des communications électroniques cite ainsi l’entreprise qui met en avant un « déploiement très volontariste ».
Mais il ne s’agit pas là de la seule raison. L’Autorité pointe d’autres explications mises en avant par Free Mobile dans son avenant pour demander un répit : la réduction lente du nombre d’abonnés 2G, la faible disponibilité des fréquences en 2G, et l’emploi de cette génération comme solution de repli, aux heures de pointe ou en intérieur. Cette réalité requiert donc, estime Free Mobile, d’être prise un compte.
Les débits resteraient bridés à 384 kbits.
Il reste maintenant au régulateur des télécoms à se prononcer sur cet avenant. S’il est approuvé, Orange n’aura pas grand-chose à faire : il limitera toujours les débits à un plafond de 384 kbits en téléchargement et en envoi (c’est le débit maximum théorique en 2G / Edge), comme il le fait depuis le 1er janvier 2020 et jusqu’à la fin de l’année. En outre, il n’y aura aucune augmentation de capacités d’interconnexion.
Financièrement en revanche, l’opérateur historique s’assure une rentrée d’argent pour deux ans de plus.
L’avenant évoque des modalités financières pour 2021 et 2022 (le détail n’est pas rendu public, secret des affaires oblige) ainsi qu’un mécanisme financier en 2022 qui a pour but d’inciter « à la réduction du nombre de clients Free Mobile utilisant le réseau 2G/3G d’Orange », ce qui semble suggérer que le coût sera plus élevé pour Free s’il continue à trop se reposer sur son partenaire.
Le régulateur ne se prononcera pas avant mai 2020, puisqu’il autorise les acteurs du marché à pouvoir formuler des remarques sur l’avenant.
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