Le propriétaire de l’URL « stopcovid.fr » n’est pas le gouvernement, mais un particulier français. Le nom de domaine, qui utilise le même nom que l’application de contact tracing voulue par le gouvernement, a été acheté le 20 mars, soit 4 jours avant que les autorités ne communiquent pour la première fois sur une «stratégie numérique d’identification des personnes ». Le nom StopCovid ne sera lui officiellement utilisé pour désigner la potentielle application de contact tracing début avril.
« C’était un coup de bol de choisir ce nom », nous avoue Pierre-Alexis, le propriétaire. Il avait dans l’idée d’en faire un site de vente avant de « finalement laisser tomber peu après ». Le site n’affiche rien d’autre qu’un message d’erreur, précisant « something went wrong » et que la boutique n’est pas encore disponible. Pierre-Alexis, qui avait l’intention de s’en servir à des fins commerciales, compte désormais le vendre. Il n’a cependant pas encore eu le temps de s’en occuper. « J’ai été occupé, et au final j’ai oublié ce site, vous venez de me le rappeler ! ». Il n’a pas encore eu le temps de faire « d’étude de marché » ni de se renseigner sur le prix de vente. « Je vais certainement juste dire aux intéressés de me faire une proposition ».
Pas de retour de la part du gouvernement
Bien qu’il utilise le nom StopCovid, il nous affirme qu’il n’a pas été contacté par le gouvernement ou une agence de santé pour un rachat. StopCovid n’est d’ailleurs pas une marque déposée : Pierre-Alexis est totalement dans la légalité.
Ne pas être les propriétaires de « stopcovid.fr » ne doit cependant pas gêner outre mesure le gouvernement : le Ministère de l’Économie et des Finances possède le nom de domaine « stopcovid19.fr », sur lequel il a mis en place une plateforme permettant « aux professionnels en première ligne (santé, agroalimentaire, grande distribution, transports..) de rentrer en contact et de passer commande directement auprès des producteurs et distributeurs de produits de première nécessité tels que le gel, les masques, les blouses et autres produits ». Le nom de domaine a été acheté le 18 mars 2020. Avec le développement de l’application éponyme du gouvernement, le site de Pierre-Alexis pourrait cependant devenir d’interêt pour les autorités.
Des feuilles de savon et le déconfinement
Pierre-Alexis n’est pas le seul à avoir acheté des noms de domaines liés au coronavirus. En avril, Numerama avait d’ailleurs consacré une série d’articles au sujet, relevant les pratiques de certains de ces acheteurs, qui mettent des noms de domaine prisés aux enchères, s’en servent pour faire leur publicité, ou encore pour vendre des produits à des prix exorbitants voire monter des escroqueries. D’autres encore ont acheté ces URLs pour monter leur site de vente en ligne, surfant sur des noms liés à la maladie pour recevoir plus de visite.
Pierre-Alexis a lui aussi acheté plusieurs noms de domaine depuis le début de la pandémie de covid-19. « Je me suis rendu compte de l’opportunité, et j’ai sauté sur l’occasion ». En plus de « stopcovid.fr », il a acheté « hygienic-hand.com ». Ce second site est bien fonctionnel, contrairement à « stopcovid.fr », et propose à la vente des boites de feuilles de savon, « faciles à transporter » et qui « garantissent un lavage des mains de manière efficaces et cela même lors des rares déplacement (sic) ». Les boîtes de 20 feuilles sont vendues 1 euro.
Depuis la parution de notre article sur les noms de domaine mis aux enchères, nous nous sommes aperçu que de nouveaux étaient mis en vente, sur des thèmes plus récents.
Ainsi, les URLs utilisant « chloroquine », qui étaient au nombre de deux, sont désormais cinq. Les noms liés au déconfinement ont fait leur apparition. Un site au nom de Didier Raoult, « professeurraoult.com » est également disponible pour la somme de 2 500 euros.
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