Space Force est à la fois le nom de la nouvelle branche des forces armées des États-Unis voulue par Donald Trump, mais aussi de la série Netflix qui la parodie. Or dans au moins 33 pays, c’est la plateforme de streaming qui a déposé la marque au registre officiel, et elle demande en plus le droit d’en commercialiser des produits dérivés.

Les États-Unis se sont-ils fait chaparder la marque « Space Force » par Netflix ? C’est le cas dans plus d’une trentaine de pays, a remarqué le Hollywood Reporter le 5 juin 2020. En étudiant les registres, Numerama a pu vérifier que c’est la plateforme de vidéo à la demande par abonnement qui en détient les droits, notamment dans l’Union européenne ou au Royaume-Uni. La multinationale a aussi effectué des demandes, en cours d’approbation, pour commercialiser des produits dérivés sous cette marque.

En juin 2018, Donald Trump a annoncé la création de Space Force, une nouvelle division distincte de l’Air Force, disposant d’un budget considérable de 738 milliards de dollars, qui sera consacrée à la conquête de l’espace. Six mois plus tard, Netflix présentait son nouveau projet de série, baptisé lui aussi Space Force : une comédie en 10 épisodes par le créateur de The Office (US) dont l’objectif était clairement de parodier le projet du président américain.

Depuis, chaque acteur faisait son bout de chemin séparément : la série Netflix a été mise en ligne le 29 mai 2020, et la division Space Force continue de développer le projet américain de retour sur la Lune pour 2024 (non sans s’être accordé un nouveau logo très proche de l’univers de… Star Trek). Cependant, une autre bataille d’image s’est jouée en coulisse.

Steve Carell dans Space Force // Source : Netflix

Steve Carell dans Space Force

Source : Netflix

Des habits Space Force commercialisés par Netflix ?

Comme nous avons pu le vérifier dans le registre TMview, la base de données qui agrège les marques enregistrées dans l’Union européenne, Netflix a déposé la marque « Space Force » dans toute l’Union européenne, au Mexique, en Australie, en Inde, au Royaume-Uni, au Canada, en Argentine, et ce dès le début de l’année 2019. Pendant ce temps, le Département Air Force n’a fait aucune demande dans ce sens.

De nombreuses demandes ont été accordées et les marques ont été enregistrées lorsque cela concerne le programme audiovisuel en tant que tel. Pour la création de produits dérivés, les demandes ont été prises en compte, mais pas encore accordées. Au Royaume-Uni  et au Mexique par exemple, Netflix a demandé le droit d’utiliser la marque « Space Force » pour un très grand nombre d’objets ; costumes, chapeaux, ceintures, vêtements en tout genre, sombreros, décorations.

Légalement, il y a peu de risques que la série américaine puisse être confondue avec la division officielle Space Force, mais lorsqu’il s’agit d’objets commercialisés, le doute pourrait être permis. Si les demandes de Netflix concernant les produits dérivés venaient à être validées — et à ce jour, tout semble indiquer que cela sera le cas, aucune demande similaire n’a d’ailleurs été déposée par les États-Unis dans les pays concernés —, cela pourrait en effet donner lieu à d’étranges situations : un déguisement Space Force, qui réutilise le nom officiel de la division américaine, serait commercialisé par Netflix, une entreprise privée ? Un produit qui ferait, de surcroit, référence à une émission parodique.

Le Département Air Force a uniquement récemment déposé la marque Space Force pour les États-Unis, comme on peut le voir à la fois au registre TMview mais aussi au bureau United States Patent and Trademark. La division demande également (une demande qui est pour l’instant prise en compte mais pas validée) le droit d’apposer la marque sur des calendriers, des stylos, des cartes, des sacs de gym, des ceintures, des clubs de golf, etc.

La marque Space Force déposée aux USA // Source : United States Patent and Trademark Office

La marque Space Force déposée aux USA

Source : United States Patent and Trademark Office
Source : Montage Numerama

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !