Alors que Bouygues Telecom a commencé à mettre en vente dès le mois de juin des forfaits « compatibles 5G » alors qu’il n’y a aucun réseau commercial 5G actif en France, Free Mobile préfère attendre la toute fin de l’année. C’est ce que Thomas Reynaud, le PDG du groupe Iliad, la maison-mère du quatrième opérateur de téléphonie mobile, a déclaré le 24 septembre au micro de France Info.
Les plans actuels du groupe prévoient de lancer ses offres commerciales 5G à la toute fin de l’année. Quand, exactement ? Le patron de l’opérateur est resté relativement évasif : « C’est une question de mois », a-t-il dit, avant de préciser que ce sera « soit juste avant les fêtes ou après les fêtes ». Le calendrier dépendra aussi de la durée des enchères, qui vont commencer le 29 septembre.
Ces enchères visent à attribuer onze blocs de fréquences de 10 MHz chacun, sachant que chaque opérateur dispose déjà d’un bloc de 50 MHz. Il y a une subtilité : aucun opérateur ne peut repartir avec plus de six blocs de 10 MHz, afin d’éviter une situation où un unique acteur rafle tout, parce qu’il a des moyens économiques que les autres n’ont pas — comme Orange, ou SFR.
Thomas Reynaud, bien sûr, n’a rien dit sur la stratégie que son groupe va suivre lors de ces enchères, notamment sur les sommes qu’il est prêt à mobiliser. Seul indice lâché par le PDG : « Nous irons chercher toutes les fréquences dont nous avons besoin.» Il n’a rien dit non plus sur la composition de ces forfaits 5G : combien y en aura-t-il ? À quel prix ? Avec quelle enveloppe de donnée mobile ? Quelles conditions ? Etc.
En 2019, lors de l’annonce de son plan Odyssée 2024, Free a déclaré vouloir devenir d’ici 4 ans « le premier opérateur alternatif sur le très haut débit mobile 4G et 5G ». Xavier Niel, fondateur et actionnaire principal d’Iliad, a lui évoqué des prestations similaires aux forfaits 4G, même si l’opérateur a par ailleurs montré par le passé sa volonté à aller chercher « des niveaux de prix plus élevés », plus rentables.
Quoiqu’il en soit, l’arrivée des forfaits 5G de Free Mobile devrait coïncider peu ou prou avec le top départ de la 5G commerciale en France, une fois achevées les enchères, mais aussi dès que les blocs de fréquences auront été positionnés sur le spectre électromagnétique — puisqu’il s’agit de liaisons sans fil — et que les autorisations auront été publiées au Journal officiel.
Il est prématuré de prendre un forfait 5G
La question que devra se poser la clientèle de Free sera de savoir si cela vaut le coup de quitter son forfait actuel pour une formule 5G, peut-être plus chère. Deux critères devront être évalués : suis-je en possession d’un smartphone 5G ? Et surtout, suis-je dans une zone qui est couverte par la 5G ou qui va l’être à très court terme ? Car le réseau 5G de Free sera, évidemment, embryonnaire au début.
Dès lors, à moins d’avoir un coup de chance et de vivre dans l’un des premiers quartiers pris en charge par l’opérateur, le changement d’offre n’aura pas d’intérêt. Il faudra vérifier les cartes de couverture de chaque opérateur, mais gare aux visuels trompeurs ou, à tout le moins, imprécis. À ce sujet, le président de l’autorité de régulation des télécoms a prévenu que ses services veilleront au grain.
Autre argument en faveur d’une temporisation : comme la 5G sera embryonnaire (et cela vaut pour Free comme pour tous les autres opérateurs), il ne faut pas s’attendre à ce que le réseau soit révolutionnaire. En fait, les retours d’expérience de mobinautes dans les pays où la 5G est déjà active montrent que l’écart avec la 5G n’est pas si prononcé que cela, et même difficilement perceptible.
La révolution de la 5G arrivera, mais en réalité dans quelques années, et plutôt du côté de l’industrie. C’est ce qu’avait admis par exemple Martin Bouygues, en expliquant que les « usages potentiels véritablement innovants n’arriveront pas avant 2023 ou 2024 » pour le public. Ce qui n’empêche évidemment pas son groupe d’avoir déjà des forfaits. Car chaque opérateur le sait : si la place n’est pas occupée, un autre la prendra.
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