Qualifié de menace pour la sécurité nationale des États-Unis, Huawei contre-attaque. Il a été rapporté le 10 février que le constructeur chinois a décidé d’aller en justice pour que cesse cette description, qu’il juge complètement infondée et motivée par des considérations politiques et économiques. Dans son collimateur : la Commission fédérale des communications (FCC).
Huawei exclu des fonds publics américains
C’est en effet cet organe de régulation, équivalent de l’Arcep en France, qui exaspère la marque asiatique. En effet, la Federal Communications Commission a désigné Huawei comme menace, ce qui implique des conséquences juridiques et commerciales pour ses activités outre-Atlantique. Le groupe ne peut plus accéder à certains marchés et faire des affaires aussi librement qu’avant.
La mise à l’écart de Huawei a été officialisée en juin 2020. En conséquence, le groupe n’est plus éligible aux financements d’un fonds fédéral piloté par la FCC, car celui-ci ne peut plus servir à acheter des équipements ou des services des entreprises chinoises. Mais les frictions entre la FCC et Huawei autour de ce fonds sont plus anciennes, avec une première plainte annoncée en décembre 2019.
Huawei argue qu’il n’existe aucun élément permettant de soutenir la conclusion de la FCC. En clair, estime l’entreprise chinoise, il n’a toujours pas été démontré en quoi son activité pose effectivement un risque pour la sécurité nationale américaine. Le groupe ajoute en outre qu’il croit que la FCC a dépassé ses prérogatives, et qu’il s’agit donc d’un abus de pouvoir enfreignant le droit américain.
Avec le fonds, une subvention est prévue pour aider les opérateurs à fournir un débit plus élevé aux populations vivant en zone rurale. Cette aide atteint 9 milliards de dollars — c’est ce qui était annoncé fin 2019. Cela constitue un coup de pouce notable pour que les opérateurs achètent du matériel. Huawei escomptait bien sûr se placer pour vendre le sien. Jusqu’au coup d’arrêt de la FCC.
Si le fabricant a décidé de passer par la case judiciaire dans l’espoir de mettre un terme à ce qualificatif, il n’est toutefois pas certain que son issue sera favorable. Aussi prend-il le soin de ménager le volet politique, en envoyant des signaux à la nouvelle administration Biden. Comme le note Frandroid, le patron de Huawei a déclaré dans une publication chinoise être disposé à reprendre langue avec la Maison-Blanche.
Mais, pour une discussion, encore faut-il être deux. Or, justement, les Démocrates qui ont pris le pouvoir le 20 janvier ne semblent pas tout à fait disposés à s’écarter de la ligne tracée par les Républicains lors de la mandature précédente. Pour des raisons géopolitiques qui dépassent largement le seul cas de Huawei, il parait très peu probable que le ton s’adoucira dans les années à venir.
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