Les histoires de succès se multiplient pour l’autoproduction réalisée grâce à Internet. Dans la lignée de Radiohead ou Nine Inch Nails, le groupe de rock progressif Marillion annonce qu’il a soulevé près de 500.000 euros auprès de ses fans pour produire son nouvel album. Une recette qu’il applique avec succès depuis déjà plusieurs années.

Pour la troisième fois consécutive, après Anoraknophobia en 2001 et Marbles en 2004, le groupe de rock britannique Marillion s’apprête à sortir son quinzième album sans maison de disques, uniquement grâce à la confiance et au porte-monnaie de ses fans. Le groupe a pu réunir auprès des internautes l’équivalent d’une avance de près de 500.000 euros pour produire l’album attendu entre juillet et septembre 2008. Et contrairement à une maison de disques qui avance l’argent et ne commence à payer le groupe que si l’avance est remboursée par les ventes, Marillion est déjà assuré du succès de la production et le risque financier est nul.

En effet, selon le porte-parole du groupe, 12.011 fans auraient pré-commandé la version Deluxe 2 CD du prochain album qui ne porte pas encore de nom officiel, placé en pré-vente par le groupe dès octobre 2007 à un prix de 29,99 ⣠(environ 40 euros). Les fans qui commandaient le double album avant le 1er mars avaient l’assurance de voir leur nom figurer sur la pochette de l’album dans la liste des remerciements. Ils seront aussi prioritaires pour les billets et entrées backstage lors de la prochaine tournée du groupe en 2008. Ce sont ainsi plus de 470.000 euros qui ont été collectés par Marillion pour enregistrer son prochain album sans être dépendant de la moindre maison de disques. Le groupe avait quitté EMI en 1997 et compris parmi les premiers qu’il pouvait utiliser Internet pour révolutionner son travail artistique et ses relations avec les fans, qui pourraient l’aider à conquérir son indépendance. Mission réussie.

Mais ce qui est possible pour un groupe populaire formé en 1978 est impossible à réaliser pour un groupe tout jeune qui n’est pas connu et est en quête d’une base de fans. Pour avoir ce succès, Marillion revendique une base de 90.000 fans actifs sur son site.C’est pourquoi les labels communautaires prospèrent actuellement sur Internet pour donner une chance aux nouveaux artistes. Ils permettent aux internautes de découvrir et de miser sur la carrière de groupes pour le moment méconnus, l’argent de leur investissement étant utilisé après commission pour produire un album ou un single. Et ça marche. Slicethepie vient de sortir son premier album financé par les internautes, MyMajorCompany a signé son premier artiste français le mois dernier et devrait en produire un nouveau dès ce mois-ci, et NoMajorMusik a lui aussi envoyé un premier artiste en studio.

Mais ces labels communautaires, que nous avons analysé en détail dans un grand dossier, recréent de l’intermédiation là où l’on croyait au contraire qu’Internet allait permettre aux artistes de s’affranchir de tous les intermédiaires, à l’image de Marillion ou de Nine Inch Nails. Ils deviennent les nouveaux intermédiaires dans un environnement de l’économie de la musique où il est de plus en plus difficile pour un groupe de gagner de l’attention pour sortir de la masse.

Il faudra voir avec le temps si les artistes produits par MyMajorCompany et ses concurrents parviendront à leur tour à s’affranchir de ces nouveaux labels comme Marillion s’est affranchi d’EMI, ou si au contraire on parlera demain des labels communautaires comme l’on parle aujourd’hui des majors de l’industrie musicale.

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