En quelques années, MySpace est devenu pour des millions d’artistes à travers le monde une destination incontournable pour se faire connaître auprès d’une communauté de fans auparavant inaccessible. Mais maintenant que le site est arrivé à mâturité, MySpace tourne le dos aux musiciens indépendants et favorise les majors du disque et les plus agrégateurs de musique indépendante. La fin d’un rêve ?

Depuis déjà quelques années maintenant, n’importe quel groupe qui veut se faire connaître dans sa ville ou qui veut attirer du monde dans ses tournées a un unique réflexe lorsqu’il s’agit de créer des flyers : mettre « son MySpace ». Le site racheté par le géant des médias Rupert Murdoch est rapidement devenu un lieu incontournable pour tous les musiciens du monde entier, qui se sont précipités pour y rejoindre leurs pairs et développer ensemble une plateforme qui, sans eux, ne vaudrait rien. MySpace s’est bâti grâce aux millions de groupes et d’artistes indépendants qui, inexposés dans les médias traditionnels, ont créé leur page pour se faire connaître.

Pour la première fois depuis l’apparition du Gramophone à la fin du 19ème siècle, il devenait enfin possible grâce à Internet de faire entendre ses enregistrements au monde entier et de se faire connaître sans être signé chez une grande maison de disques, sans être vendus dans les grands magasins, et sans passer dans les grandes radios nationales. Pour une immense majorité d’artistes, Internet a été l’espoir de faire naître un tout autre système médiatique qu’au 20ème siècle, enfin libéré du carcan des médias traditionnels et du système hyper-concentré des maisons de disques. La plupart n’ont pas vu, en se précipitant sur un unique site, MySpace, qu’ils recréaient en fait de la concentration là où ils pensaient s’en détacher.

Aujourd’hui, MySpace est devenu un géant de l’internet au même titre que Google, et un géant au service des majors. Comme nous l’écrivions au mois de mars, les majors du disque ont vendu l’accès illimité à leur catalogue en échange d’une participation au capital de MySpace. Tous les revenus générés par les millions de pages d’artistes indépendants bénéficient désormais aux majors du disque, qui n’ont pas contribué au succès du site mais disposent encore d’un catalogue de musique connue qui se monnaye fort.

Dans une interview à Wired, le co-fondateur et directeur de MySpace Chris DeWolfe a confirmé que les artistes indépendants qui ont nourri MySpace depuis ses débuts n’auraient pas le droit à leu part du gâteau. « Nous sommes disposés à étendre notre proposition de participation capitalistique aux bons partenaires, mais vous ne pouvez pas étendre la participation à tout le monde« , explique-t-il. « Nous n’avons pas vraiment le mécanisme actuellement pour développer un programme d’affiliation ou une structure de paiement pour des millions et des millions de goupes… Nous avons commencé avec les majors de la musique, et nous sommes en discussion avec les consortiums« , ajoute-t-il.

Si vous êtes un groupe ou un label indépendant et que vous souhaitez avoir vous aussi votre part du gateau, il faut donc signer avec un agréateur comme IODA, Merlin, Believe ou Wild Palms Music. Qui prendront leur commission au passage.

Et voilà comment l’industrie du disque est parvenue, sur les bases de millions d’artistes indépendants, à recréer un système hyper-concentré qui lui est favorable.

Mais les artistes indépendants pourront toujours aller ailleurs que sur MySpace…

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