Téléchargez autant de chansons que vous le souhaitez dans un catalogue de plus d’un million de titres et gardez-les à vie, pour seulement 12 euros par mois, et sans engagement sur la durée. C’est l’offre en apparence alléchante que propose Orange avec « musique max« , qui se veut être « l’offre de téléchargement de musique illimitée sur PC et mobile la plus riche du marché« . Mais alléchante en apparence seulement.
Car dans le détail, les choses se compliquent. A la limite du gros mensonge éhonté. Si nous étions de mauvaise foi, nous irions même jusqu’à dire qu’il y a tromperie volontaire du consommateur. Et comme notre mauvaise foi est légendaire, nous le disons sans rougir.
En effet, Orange précise que les clients Internet Orange peuvent « télécharger légalement, de façon permanente et en illimité tous les titres sur leur PC, dans le cadre d’un usage raisonnable« . En lisant les petites lignes, on comprend que l’usage raisonnable se limite très exactement à 500 morceaux par mois. Ce qui, pour de l’illimité, est assez limité. Suffisant pour la plupart des consommateurs certes (ça représente environ 1 heure de musique nouvelle par jour), mais limité quand même. Sauf à vouloir réécrire le dictionnaire, il serait bon redonner son sens au mot « illimité » pour que les offres réellement illimitées se distinguent de celles qui sont réellement limitées.
Par ailleurs, s’il est possible sur le papier de garder la musique à vie – ce qui est nouveau pour un système par abonnement en France, il ne s’agit pas pour autant de titres dispensés de toutes mesures de protection. Les DRM sont toujours présents pour s’assurer que seul le client Orange qui a payé son abonnement au moment du téléchargement puisse lire les morceaux avec le media player Orange. Dans 10 ou 20 ans, lorsque vous voudrez ré-écouter le premier album de Mika sur votre media center, il y a de fortes chances pour que les serveurs Orange chargés de délivrer les autorisations ne soient plus joignables pour renouveler les licences. C’est un procès d’intention coupable, mais chat échaudé craint l’eau froide…
Or l’on ne comprend toujours pas où est l’intérêt commercial d’imposer des DRM aux clients de ce type d’offre, qui peuvent trouver exactement le même service sans aucune restriction et pour zéro euro et zéro centime sur eMule ou n’importe quel autre réseau P2P. Prétendre que les DRM permettent d’éviter le piratage, c’est prétendre que les clients qui s’abonnent sont d’abord des pirates. Un comble.
Enfin, et c’est le plus important, ces offres d’abonnement que le gouvernement veut favoriser creusent la concentration du marché aux mains d’un tout petit nombre d’acteurs. L’offre « musique max » d’Orange propose ainsi un million de titres issus de seulement six maisons de disques : les quatre majors (Universal, Warner, Sony BMG et EMI), et deux grandes maisons indépendantes (Believe et Scorpio Music). Est-ce vraiment la meilleure manière de soutenir la création musicale et la diversité dans le paysage culturel ?
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