Qui est le menteur entre le milliardaire extravagant et le politologue star ? Elon Musk est accusé, depuis ce 11 octobre, d’avoir été influencé au téléphone par Vladimir Poutine en personne. Ce dernier lui aurait expliqué qu’il était prêt à négocier avec l’Ukraine si cette dernière reconnaissait l’annexion par la Russie des territoires de Lougansk, Donetsk, Kherson, Zaporijia ainsi que la Crimée. Le président russe aurait même fait son habituel chantage au nucléaire auprès d’Elon Musk, menaçant d’envoyer un missile sur l’Ukraine si son armée parvenait à reprendre la presqu’île.
La bombe médiatique a été lâchée par plusieurs médias aux États-Unis — dont Vice et Business Insider — citant comme source le célèbre politologue Ian Bremmer. Ce chroniqueur régulier des grands journaux américains a envoyé un mail, relatant toute cette discussion, aux membres de l’Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques.
Interpelé par les utilisateurs de Twitter, Elon Musk a réfuté ces accusations, indiquant qu’il n’a parlé « qu’une seule fois et c’était il y a environ 18 mois. Le sujet était l’espace ». Ian Bremmer répond indirectement dans un tweet, déclarant :
« Elon Musk m’a dit qu’il avait parlé directement avec Poutine et le Kremlin de l’Ukraine. Il m’a dit aussi quelles étaient les lignes rouges du Kremlin. J’écris ma newsletter hebdomadaire sur la géopolitique depuis 24 ans. J’écris honnêtement, sans crainte ni faveur, et la mise à jour de cette semaine n’était pas différente. »
Le milliardaire a commenté cette déclaration, lançant un simple : « Personne ne devrait croire Bremmer.»
Un sondage qui reprend la propagande du Kremlin
La situation est polémique, puisque Elon Musk a lancé un sondage le 3 octobre dernier sur Twitter proposant aux utilisateurs du réseau social de décider de l’avenir de l’Ukraine. Le patron de Tesla avait proposé un plan qui répondait parfaitement aux exigences russes avec l’annexion des territoires partiellement occupés. Cette situation convient à Vladimir Poutine, obligé de mobiliser plus d’un million de Russes pour faire face à une contre-offensive ukrainienne qui porte ses fruits avec des avancées majeures dans plusieurs régions. Accusé de faire la propagande du Kremlin, Elon Musk avait assuré être pour l’Ukraine, mais voulait éviter une troisième guerre mondiale.
Quatre jours plus tard, la polémique enfle après un article du Financial Times rapportant des dysfonctionnements des terminaux Starlink utilisés par l’armée ukrainienne. Toutefois, de nombreux militaires avaient également assuré que Starlink fonctionnait parfaitement dans diverses régions, les pannes occasionnelles seraient liées aux rapides avancées dans les territoires occupés, le réseau serait brouillé pour éviter que les Russes s’en servent également.
Si Ian Bremmer dit vrai, cela voudrait dire que l’homme le plus fortuné au monde — fort d’un compte Twitter à plus de 100 millions d’abonnés — a tenté d’influencer les utilisateurs du réseau après un coup de fil avec le président russe. Cet échange passerait encore moins auprès des autorités, puisqu’il est interdit, selon la loi américaine, « pour un citoyen des États-Unis d’entretenir des relations avec un gouvernement étranger […] pour faire échouer les mesures des États-Unis ».
Elon Musk a, comme son habitude, embrayé sur le registre comique, mettant en avant sur Twitter une bouteille de parfum fragrance « poil brulé », qu’il vend désormais sur le site de Boring Company. Si le milliardaire fait encore rire son fan club, les casseroles d’Elon Musk commencent à faire plus de bruit que ses blagues. Du procès pour le rachat de Twitter, l’action en justice des chauffeurs de Tesla pour fausses publicités, ses déclarations sur l’Ukraine ainsi que sur Taïwan, on se demande si l’homme le plus fortuné au monde est une personne consciente de ses responsabilités.
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