« Nous nous sommes ingérés, nous le faisons et nous allons continuer de le faire. Avec précaution, précision, de façon chirurgicale, d’une manière qui nous est propre. » La déclaration d’Evguéni Prigojine, l’homme d’influence de Poutine, publiée le 7 novembre sur VKontakt, un réseau social russe, a fait le tour du monde. Le patron du groupe de mercenaires Wagner, ainsi que de l’agence pour la recherche internet (Internet Research Agency), une ferme à troll active sur les réseaux sociaux, met en garde les États-Unis pour les élections de mi-mandats ce 8 novembre. Les Américains sont appelés à voter pour leurs représentants du congrès ce mardi et ces menaces font ressurgir le spectre d’une influence russe.
À vrai dire, Moscou ne cache plus vraiment ses intentions. Le ministère des Affaires étrangères américain a répondu que « cette confession audacieuse semble n’être qu’une manifestation de l’impunité dont jouissent les escrocs et les copains sous le président Poutine et le Kremlin. Comme vous le savez, nous avons sanctionné cet individu, Yevgeny Prigozhin, depuis 2018 pour son ingérence dans nos processus et institutions électoraux.»
Sur la première chaine de TV russe, présentateurs et invités déclarent avoir hâte de voir débarquer les députés républicains opposés à l’aide à l’Ukraine. L’espoir d’un retournement de la diplomatie américaine s’est amplifié avec le rachat de Twitter par Elon Musk et son appel à voter pour le parti républicain. Sur Telegram, Anton Gorelkin, député russe, appelle Twitter à revenir en Russie, à condition que le réseau social supprime les contenus interdits dans le pays et réactive les comptes des médias d’influence du Kremlin.
L’appel des hackers à influencer les élections
Plus inquiétant : le retour des comptes d’hacktivistes russes sur Twitter, directement lié au rachat de la plateforme par Elon Musk. Le groupe « cyber armée de Russie » déclare le 7 novembre : « Tout groupe de hackers russes qui se respecte devrait s’immiscer dans les élections américaines.» Les dégâts informatiques de ces hacktivistes sont généralement moindre, mais leur activité sur les réseaux sociaux en période d’élection peut peser sur les opinions. L’agence de cybersécurité américaine a par ailleurs prévenu ses citoyens que des tentatives d’influences étrangères auront lieu en période d’élection.
Le New York Times a relevé que des comptes de fake news — affiliés à la Russie selon les spécialistes — ont été réactivés en août sur les réseaux sociaux conservateurs Gab et Parler. Il semblerait que les trolls auraient légèrement plus de mal à proliférer sur d’autres plateformes, Meta avait supprimé 1 000 comptes de trolls russes sur Instagram cet été.
Des actes physiques pourraient également être organisés. En juillet, le ministère de la Justice aux États-Unis accuse Alexander Ionov d’être d’entrer en contact des groupes politiques en Floride et en Californie dans le but d’organiser des manifestations coordonnées.
L’invasion lancée par Vladimir Poutine se retourne contre lui avec des échecs militaires successifs et une crise économique qui commence à peser sur l’industrie russe. Le Kremlin espère ralentir l’approvisionnement massif des armes américaines en poussant les citoyens à voter pour le parti républicain, moins enclin à aider l’Ukraine.
En 2016, la divulgation des mails de campagnes d’Hillary Clinton ainsi que les vagues de désinformation sur Facebook et Twitter ont lourdement pesé sur les élections présidentielles. Moscou veut réitérer et active ses organes de propagande au moment où des centaines de soldats russes tombent quotidiennement sur le front : plus de 90 000 morts ou handicapés en octobre, selon le média d’investigation Meduza.
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