L’armée ukrainienne continue d’innover dans la transformation de drones commerciaux en arme de guerre. Le 20 janvier 2023, les services de renseignement ont indiqué qu’ils constituent une flotte d’appareils kamikaze à partir de modèles FVP — vue du vol en première personne depuis un casque — et appellent aux dons de bénévoles.
Des vidéos confirment l’utilisation de ces drones modifiés sur le terrain. Il s’agirait d’abord d’attaques « suicide » dans les environnements urbains. Concrètement, un soldat opère en bordure de ville pour repérer les forces adverses et lance l’appareil chargé d’explosifs contre les unités détectées ou les bâtiments stratégiques.
Deux opérations filmées nous permettent d’observer cette méthode. Des contributeurs de Projet Fox, un groupe anonyme pour la promotion du renseignement en temps de conflits armés, nous ont aidé à analyser et à identifier les zones d’action dans le détail.
Des dépôts d’armes ciblés par les drones
L’unité de renseignement « Kréla » — aile, en ukrainien — a posté une série d’attaques sur YouTube. L’opération se déroule dans la ville occupée de Kamianka-Dniprovska, dans la région de Zaporijia (sud de l’Ukraine), sur les rives du Dniepr. Des grenades anti-blindés sont accrochées à des drones modèles « Combo » de la marque chinoise DJI. La première partie est une mission de reconnaissance où l’on voit des soldats russes entreposer des caissons — probablement des munitions — dans différents bâtiments. Les drones sont ensuite lancés à pleine vitesse contre ces mêmes hangars et un appareil posté dans le ciel permet de confirmer plusieurs explosions.
Le fleuve Dniepr sépare pour l’instant les deux armées. Cependant, ces frappes témoignent d’une stratégie ukrainienne de détérioration des troupes russes sur cette partie du front. Le prix d’un drone DJI FPV avec le casque de première vue commence à 800 euros. Le coût de la frappe peut être plus intéressant qu’un envoi de missile, surtout si celle-ci permet de pulvériser un dépôt de munition.
Des attaques directes sur les soldats
Dans une vidéo diffusée sur Telegram, un autre modèle commercial « Combo » de la marque DJI est utilisé dans la commune Bakhmout, à l’est du pays, où les combats sont les plus intenses en ce moment.
L’engin décolle depuis le toit d’un bâtiment, opère une session de reconnaissance puis se rend en direction d’une tranchée russe de l’autre côté. La pointe d’un explosif, probablement une grenade, apparait sur l’écran. L’opérateur ukrainien lance ensuite à pleine vitesse l’appareil contre deux soldats russes. Ici la frappe paraît plus opportuniste, son premier objectif étant une analyse de la tranchée puis une neutralisation en cas de force militaire sur place. Dans une autre vidéo de drone suicide, on comprend que les Ukrainiens visent les unités disposant de roquettes anti-char.
Plusieurs modèles de drones suicides sont utilisés depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’armée américaine a fourni des modèles Switchblade aux Ukrainiens, quant aux Russes, ils se sont équipés en drones iraniens Shaed-136. Ces derniers ont été particulièrement visibles dans les attaques contre la population civile et les infrastructures énergétiques des grandes métropoles.
Les modèles commerciaux détournés sont un élément essentiel dans cette guerre et témoignent d’une nécessité de disposer d’appareil de reconnaissance ou de harcèlement pour les unités modernes.
Le ministre ukrainien du numérique Mykhailo Fedorov a annoncé l’été dernier qu’il espérait amasser une « armée de drones » pour aider les forces armées. Les dons ont permis d’acheter plus de 1 400 appareils, selon le site gouvernemental United24.
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