La récompense de Moscou. Des députés travaillent sur un moyen de dépénaliser le piratage réalisé dans l’intérêt de la Russie, selon une dépêche de l’agence de presse gouvernementale TASS publiée le 10 février 2023. Alexander Khinshstein, député russe et chef du comité de la Douma – le Parlement russe – sur la politique de l’information, a déclaré : « Je suis fermement convaincu qu’il est nécessaire d’utiliser toutes les ressources pour combattre efficacement l’ennemi. Si de tels centres [de hackers] nous attaquent aujourd’hui, la Russie doit avoir la possibilité de réagir de manière adéquate. »
« Nous parlons d’élaborer une exonération de responsabilité pour les personnes qui agissent dans l’intérêt de la Fédération de Russie dans le domaine de l’informatique à la fois sur le territoire de notre pays et à l’étranger. Nous parlerons plus en détail lorsque nous aurons une formulation plus claire », a-t-il ajouté. À noter aussi que la notion « d’intérêt de la Russie » n’a pas réellement de limites définies.
La création et la distribution de logiciels malveillants sont actuellement passibles en Russie d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans de prison. Dans les faits, les hackers sont rarement condamnés et le pays est le paradis des pirates criminels. L’entreprise Chainalysi avait noté dans un rapport que « 74 % de tout l’argent gagné par des attaques de ransomware en 2021 a terminé entre les mains de pirates en Russie ». Les chercheurs affirment qu’une énorme quantité de blanchiments d’argent basé sur les crypto-monnaies passe par des crypto-entreprises russes. Les activités de piratage et de ventes illégales sur le darknet forment une économie parallèle dont les organes de pouvoir tirent également profit.
Une activité intense des collectifs de hackers depuis près d’un an
Dans sa déclaration du 10 février, le député russe fait d’abord référence aux groupes d’hacktivistes qui se sont formés après l’invasion de l’Ukraine, il y a bientôt un an. Ces collectifs de hackers harcèlent tous les ennemis désignés de Moscou à coups d’attaques par déni de service pour mettre en panne leurs sites internet. Les cibles sont généralement des plateformes gouvernementales, des entreprises stratégiques, des aéroports et des hôpitaux. Si l’impact réel de ces attaques est souvent très léger, il arrive que l’opération perturbe l’organisation de la victime comme ce 10 février avec l’acheminement de fournitures médicales en Turquie par l’OTAN.
Killnet, NoName057 ou encore Anonymous Russia sont parmi les collectifs les plus actifs. Ces groupes sont considérés comme « sponsorisés par le Kremlin » par le CISA, l’agence de cybersécurité américaine, qui estime que les institutions étatiques entretiennent leur activité. Dmitry Gusev, un député russe, déclarait en novembre dernier sur sa chaîne Telegram que ces pirates méritaient d’accéder au statut de militaire et d’être récompensés par le Kremlin. La proposition de dépénalisation est aussi un moyen de faire la promotion de ces groupes, constamment à la recherche de nouveaux membres pour harceler l’Europe et l’Occident.
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