Le service de renseignement intérieur français prend au sérieux la série de cyberattaques menées contre plusieurs institutions nationales, par le collectif d’hacktivistes Anonymous Sudan. Ce groupe, défini comme « islamiste » et « pro-russe », a lancé sa campagne contre la France le 15 mars 2023, en commençant par attaquer les sites de plusieurs aéroports français, puis en enchainant sur les établissements de santé et universitaire dans les jours qui suivent.
Ces opérations font peu de dégâts, puisqu’il s’agit d’abord de faire tomber en panne une plateforme en la saturant de connexions. Ces attaques sont surtout symboliques, mais c’est assez pour que la justice et la DGSI (la direction générale de la Sécurité intérieure) se penchent sur le dossier, nous apprend une source proche du dossier.
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Contacté par Numerama, le parquet de Paris a indiqué ce 21 mars « qu’une enquête est en cours après une attaque qui a touché plusieurs aéroports français. La DGSI a été co-saisie avec le centre de lutte contre les criminalités numériques de cette enquête ouverte du chef d’entrave au fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données. »
Les revendications du groupe seraient également plus préoccupantes, après les nombreux attentats en France sur les dix dernières années. Le collectif de hackers déclare que ces opérations visent le pays à cause des caricatures de Mahomet. Dans un échange avec Numerama, Anonymous Sudan nous indique que sa campagne serait liée aux dessins de Charlie Hebdo en 2015.
Des liens directs avec les hackers russes
Néanmoins, ces attaques peuvent aussi être liées à l’aide de la France à l’Ukraine. Anonymous Sudan est directement lié au principal collectif d’hacktivistes russes Killnet, soutenu par le régime russe. Concernant le soutien de la France à l’Ukraine, ils déclarent : « Je me fiche des soutiens envers l’Ukraine. En cas d’attaque par Killnet, – le principal collectif d’hacktivistes russes – j’attaquerai immédiatement avec eux pour les aider ». Ils ajoutent : « la Russie a aidé le Soudan par le passé, donc nous aidons l’équipe russe de Killnet ».
La création d’Anonymous Sudan coïncide d’ailleurs avec des évènements soupçonnés d’être des tentatives de déstabilisations russes. Le 17 janvier, un militant d’extrême droite – lié à des organisations russes – brule un Coran à Stockholm, devant l’ambassade de Turquie, au moment le pays est réticent à laisser entrer la Suède dans l’OTAN. Moins de 24h plus tard, Anonymous Sudan est créé et déclare que le pays scandinave sera sa première cible. Au bout de cinq jours, le collectif indique qu’il fait partie du collectif russe Killnet. De nombreuses consignes de piratages sont d’ailleurs rédigées en russe sur leur chaine Telegram. Là encore, il s’agit d’attaque par déni de service – aussi appelée DDoS – pour perturber un site précis.
Anonymous continue sa campagne avec un prétendu vol d’infos de la compagne Air France. Le service presse du groupe nous a répondu « n’avoir enregistré aucune activité particulière pouvant atteindre ses données ».
Les derniers messages du groupe signalent que le Royaume-Uni serait la prochaine cible, car le même militant, Rasmus Paludan, prévoit d’y bruler un Coran.
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