Le Kremlin est officiellement accusé de manipulation en France. Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, condamne la Russie ce 13 juin dans un communiqué, pour avoir propagé des fausses informations à partir de faux sites de grands journaux français. Le ministère indique avoir « mis en évidence l’existence d’une campagne numérique de manipulation de l’information contre la France, impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l’État russe ont participé en amplifiant de fausses informations. »
Ces organismes russes ont repris entièrement l’esthétique des sites de médias en questions et ont publié des narratifs de propagande russe et anti-Ukraine. Le Parisien est l’un des sites ciblés en France. Deux articles sont toujours disponibles sur le web. L’un d’eux prétend détenir des preuves de l’explosion du gazoduc NordStream par les États-Unis, tandis que l’autre prétend que les Ukrainiens sont ouverts à un traité de paix. Pour rappel, les Ukrainiens se sont déclarés à 82 % « opposés à toute concession à la Russie, même si cela prolonge la guerre » dans un sondage publié en mai.
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Les deux publications pourraient réellement tromper un lecteur non averti, seul le nom de domaine est erroné puisqu’il s’agit du Parisien.Ltd et non Parisien.fr. Le leurre paraît d’autant plus légitime que le logo de la fausse page renvoie vers le vrai site. Parmi les autres médias copiés par la Russie, on peut citer Le Monde, 20 minutes, l’allemand Bild ou le britannique The Guardian note l’AFP. Le Parisien a porté plainte mi-mai auprès de l’Icann, société de gestion de l’attribution des noms de domaine.
Des campagnes de désinformation coordonnées
Cette vaste opération a été révélée grâce à Viginium, une cellule gouvernementale spécialisée dans les « attaques informationnelles », c’est-à-dire les manipulations artificielles d’informations opérées par des états étrangers.
Le Quai d’Orsay déclare qu’il s’agit d’une « nouvelle illustration de la stratégie hybride que la Russie met en œuvre pour saper les conditions d’un débat démocratique apaisé et donc porter atteinte à nos institutions démocratiques. La France condamne ces agissements indignes d’un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. »
Le Kremlin avait déjà été impliqué dans des campagnes de désinformation lors des élections présidentielles américaines de 2017 ou lors du Brexit au Royaume-Uni en 2020. L’Internet Research Agency, basée à Saint Pétersbourg est d’ailleurs une ferme à troll officielle en Russie et reste toujours active. Le Kremlin n’a pas encore réagi.
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