Strava, l’application de running, a-t-elle été utilisée pour tuer un capitaine de l’armée russe ? C’est en tout cas une possibilité soulevée par plusieurs sources et citée par Le Monde et BFMTV. Le meurtre du militaire Vladislav Rjitski, survenu le 10 juillet 2023 alors qu’il faisait son jogging, pourrait avoir été planifié grâce à l’application, qui permet de partager l’itinéraire de ses courses.
Il n’y a pour l’instant pas de certitude sur cet aspect, ni sur les commanditaires de l’assassinat — certaines pistes semblent tendre vers les services ukrainiens, selon Le Monde. Dans tous les cas, l’histoire intrigue et montre plus que jamais que les apps de géolocalisation peuvent particulièrement être dangereuses en temps de guerre.
Strava, une app de running qui partage les courses
Vladislav Rjitski était un haut gradé de l’armée russe, un capitaine et ancien commandant du sous-marin Krasnodar — un navire rendu tristement célèbre en juillet 2022 pour avoir lancé une frappe sur la ville ukrainienne de Vinnytisa, qui avait fait 27 morts. Le militaire était depuis basé dans la ville éponyme de Krasnodar, où il était chargé, selon Le Monde, « d’organiser les opérations de mobilisation pour la région ».
Vladislav Rjitski a été assassiné par plusieurs tirs dans la poitrine lundi 10 juillet 2023 dans la matinée, alors qu’il faisait son jogging. D’après Le Monde, le militaire était « un utilisateur régulier » de Strava, et partageait presque quotidiennement ses courses à pied ou à vélo sur l’app. « Plusieurs sources russes notent que ces itinéraires étaient très souvent identiques, laissant entendre que les organisateurs de son meurtre ont pu utiliser l’application pour connaître sa position au matin du 10 juillet », explique le journal.
S’il n’y a aucune confirmation officielle du rôle joué par l’app dans la planification de l’assassinat, le doute plane, d’autant plus que des observateurs suspectent l’implication des services ukrainiens dans l’affaire. Ces derniers auraient pu se baser sur les itinéraires partagés par le militaire pour prévoir leur attaque.
Comme le rappelle BFMTV, l’app base « tout son concept sur le partage de données liées au sport ». Les données peuvent être accessibles à tous les utilisateurs de Strava, même aux personnes qui ne sont pas vos proches. Si le militaire n’avait pas restreint le partage des informations avec l’app, alors « quiconque sur l’internet » pouvait avoir accès à « la distance de l’activité », « la durée de déplacement », « les photos », et « la carte » des courses, indiquent les conditions d’utilisation de l’app. Un tel réglage pourrait avoir couté la vie au militaire.
Ce n’est pas la première fois que des apps partageant la géolocalisation de leurs utilisateurs sont utilisés contre les militaires. En 2018 déjà, des agents de la DGSE qui avaient partagé leurs courses sur Strava avaient pu être identifiés grâce à ces données. Plus récemment, ce sont des soldats russes ont été géolicalisés grâce à Tinder. Des hackers ukrainiens avaient également créé des faux profils de « femmes séduisantes » afin de piéger des soldats ennemis.
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