Le Dossier Center, un média d’investigation de l’opposition russe, a révélé le 2 octobre un document contenant les adresses de milliers de bâtiments occupés par le renseignement russe, y compris les logements d’espions. Pour trouver ce fichier, les journalistes n’ont pas eu à s’infiltrer dans les bureaux du Kremlin, mais à mener une simple recherche sur le site de la mairie de Moscou.
L’administration avait, en effet, publié un document de 434 pages recensant toutes les habitations qui ne doivent, en aucun cas, subir une coupure d’électricité. La liste était d’abord destinée aux fournisseurs d’énergie russes. Il énumère précisément tous les immeubles et maisons, avec leur surface, détenus par le ministère de l’Intérieur ou de la Défense.
La plupart des installations sont déjà connues, mais l’inventaire contient aussi les adresses précises de logements et des planques des membres du renseignement. Une zone naturelle protégée à l’ouest de Moscou abrite par exemple de nombreux manoirs entourés de murs protégés. Des membres du pouvoir y résideraient, mais aussi le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill. Celui-ci est soupçonné de travailler pour les renseignements.
Des immeubles résidentiels permettent aussi de connaître de potentielles planques des services du renseignement. Quelques bâtiments militaires sont mentionnés dans la liste, tels que des dépôts de munitions.
Des données réutilisées par les forces armées
Le dossier uploadé par la mairie de Moscou inclut des emplacements stratégiques dans la capitale et dans des communes plus proches de l’Ukraine, comme Belgorod. Dans cette ville, les bâtiments du renseignement russe ont déjà été ciblés par des attaques de drones ukrainiens. De fait, ces éléments seront précieux pour de futures actions dirigées par Kiev.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les spécialistes de l’enquête de source ouverte (OSINT) exposent régulièrement des informations stratégiques trouvées en fouillant sur le web, les réseaux sociaux ou grâce à des outils d’imagerie satellite.
Ces données permettent d’éclairer un évènement dans le conflit, ou de contredire une affirmation. Elles peuvent aussi se révéler utiles pour les forces armées. De nombreux collectifs d’hacktivistes publient des fichiers contenant des informations sensibles sur des infrastructures russes qui peuvent être déterminantes pour une cyberattaque ou une opération militaire.
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