L’ordinateur quantique va-t-il s’infiltrer dans tous nos systèmes informatiques ? Seulement ceux qui ne seront pas préparés. C’est ce que soutient Eric Brier, le directeur de la technologie cyberdéfense chez Thales, lors d’un éclairage sur les compétences de ces supermachines durant une conférence donnée en octobre aux Assises de la Cybersécurité. Concrètement, si l’on veut résister à la force de frappe d’un ordinateur quantique, il faut adapter les systèmes.
Un ordinateur quantique est une machine qui utilise les principes de la mécanique quantique pour effectuer des calculs. Un appareil quantique peut traiter une énorme quantité d’informations en parallèle, rendant certains calculs beaucoup plus rapides à effectuer qu’avec un ordinateur classique.
Or la sécurité de nos systèmes est également basée sur des calculs. Nos mots de passes ou nos messageries sont considérées comme sécurisées à partir du moment où ils sont chiffrés. Un ordinateur a du mal à décrypter un code sans la clé, car cela revient à décomposer une combinaison mathématique impliquant des nombres de grande taille. C’est, d’une certaine façon, comme essayer de trouver les ingrédients originaux d’un gâteau de grand chef.
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Les ordinateurs quantiques, en revanche, peuvent utiliser une « recette spéciale » (appelée l’algorithme de Shor) qui leur permet de décomposer ces séries de nombres bien plus rapidement. Un grand ordinateur quantique fonctionnel pourrait déchiffrer des clés qui ne peuvent être actuellement cassés par les ordinateurs traditionnels.
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C’est quoi, un qubit ?La quantique va faire sauter des clés de chiffrement
« L’utilisation d’un ordinateur quantique va mettre à mal le chiffrement, c’est un fait » prévient Eric Brier « Ça nous amène donc au post-quantique. Un ordinateur quantique est encore limité à certains calculs, pour des raisons physiques. Il ne faut pas lui attribuer des compétences miracles. Les chercheurs en cybersécurité travaillent donc sur des algorithmes inatteignables pour l’ordinateur quantique. ».
De nouveaux protocoles sont testés et résistent aujourd’hui au calcul quantique. Aux États-Unis, un un concours vise à dénicher les meilleurs candidats aux futurs standards de cryptographie post-quantique. De son côté, Thales met déjà en avant des solutions proposées aux entreprises pour sécuriser des dossiers avant que ces superordinateurs ne parviennent à trouver leur clé.
« Contrairement à l’IA, le quantique est pour l’instant prévisible, on peut plus facilement imaginer ses capacités et donc s’y préparer », poursuit-il. « En revanche, il faudra prioriser les éléments que l’on veut vite sécuriser. Tous les chiffrements ne pourront être rapidement mis à jour, et il y a certains secteurs ou éléments sensibles, comme la défense, que l’on veut protéger avant tout. »
Les entreprises de messagerie ne veulent pas non plus être dépassées par ces futures technologies. La preuve : Signal et Proton, deux services connus pour leur haut degré de sécurité et de confidentialité, travaillent aussi sur des solutions post-quantiques, qui devraient s’imposer comme un futur standard dans nos échanges à l’avenir.
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