« Nous perdrons la cyberguerre, faute de combattants ». Voilà l’avertissement lancé par Michel Van Den Berghe, l’homme qui préside le Campus Cyber, le navire amiral de la cyber française. Derrière l’enthousiasme de l’annonce d’une autre campagne de communication ce 13 novembre, un besoin urgent, presque vital, de recruter se ressent. Il manquerait 15 000 postes dans la cybersécurité en France aujourd’hui, et cette pénurie pourrait croître tant la situation évolue rapidement.
« Des États, des groupes de cybercriminels, mènent une cyberguerre contre nous. Il faut briser le cliché du geek à capuche pour montrer aux jeunes, mais aussi aux profs et aux ressources humaines, que le milieu a besoin de diverses compétences et pas seulement des plus techniques », insiste Michel Van Den Berghe auprès de Numerama.
Le ministère de l’Éducation nationale, l’ANSSI – qui assure la cyberdéfense de l’État – et le Campus Cyber lancent donc conjointement une vaste campagne baptisée « Demain Spécialiste Cyber », ce 13 novembre, dans l’espoir de pallier ce manque de ressources et créer des vocations dès le collège et le lycée.
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Vincent Strubel, directeur général de l’ANSSI, rappelle lors du lancement un problème récurrent dans la cyber, comme dans beaucoup d’autres métiers du numérique : « On a de l’ambition, on a de bonnes idées, des projets intéressants, mais on est limité par le manque de bras. Ce problème de ressource, nous ralenti pour avancer dans nos objectifs », avant de rajouter « On a fait le constat que les jeunes se projettent dans un métier dès le collège ou le lycée, et que venir leur parler de cyber à un âge plus avancé, c’est parfois trop tard. On veut donc leur faire découvrir les métiers en amont ».
L’espoir d’une série sur le milieu de cybersécurité
Au-delà des spots TV et des affiches, le milieu de la cyber française espère son Bureau des légendes. Un scénario a déjà été rédigé par Alex Berger, producteur de la célèbre série sur les agents du renseignement, après une rencontre avec plusieurs professionnels lors de salons spécialisés. Le projet est actuellement en recherche de financement auprès des grands studios, nous confirme une source.
La mini-série britannique The Undeclared War serait également une inspiration. Le feuilleton, centré autour d’une équipe de cybersécurité confrontée à l’ingérence russe, aurait multiplié par six les recrutements dans les services de renseignement. Même effet pour Le Bureau de Légendes puisque les CV ont défilé dans les bureaux de la DGSE au pic de la saga.
Un entrainement à l’OSINT ouvert à tous
En attendant une potentielle série, l’ANSSI et le Campus Cyber misent sur des modules dans les collèges et lycées pour faire découvrir les métiers aux adolescents. 500 épreuves d’hackathons sont prévues à travers le territoire pour offrir une première expérience dans la cyber. Des jeux de société CyberEnJeux seront partagées, dans lesquelles les élèves pourront choisir une équipe « attaquant » ou « défenseur », et chacun devra avancer ou reculer en fonction des logiciels malveillants ou des moyens de protection.
Une plateforme d’entrainement à l’OSINT – l’enquête à partir de source ouverte – est mise à disposition et permet à n’importe qui de s’entrainer à un exercice bien plus utile qu’on ne l’imagine aujourd’hui. Les enseignements de base permettent de vérifier des images ou des publications sur les réseaux sociaux et de déterminer leur authenticité.
Plusieurs professionnels de la cyber offrent aussi leur témoignage sur un site dédié à la découverte des métiers. L’accent est mis sur le recrutement féminin, car si le manque de personnel se fait sentir, l’absence de femme est également un défi. Le milieu de la cyber compterait uniquement 15 % de femmes dans ses rangs aujourd’hui.
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