Le streaming et l’IPTV sont-ils en train de devenir les moyens les plus simples de regarder un match de football ? Pour les diffuseurs, la menace est de plus en plus grande.
Le matin du 15 novembre, les principaux diffuseurs français ont abordé la question du piratage, que Canal+ qualifie de « son premier concurrent ». 5,1 % de la population française serait en possession d’un boîtier IPTV (alors que ce n’est pas même pas obligatoire pour y accéder). Tout cela représenterait un manque à gagner de 500 millions d’euros pour les chaînes qui possèdent des droits sportifs, qu’elles achètent pourtant plusieurs millions d’euros.
Dans un article publié le 16 novembre et relayé par 01net le 28 novembre, The Media Leader, un site spécialisé dans l’information des médias, de la publicité et de la communication raconte les échanges qui ont eu lieu aux Rencontres Annuelles de l’ACCES, dans lequel se retrouvent les professionnels du secteur.
Pirater n’a jamais été aussi simple
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« Les soirs de matchs, il suffit d’aller sur Google pour voir la facilité d’accès à ces contenus illégaux », résume très bien Philippe Bailly, le fondateur de NPA Conseil, alors que les réseaux sociaux sont aussi un moyen simple de trouver des flux qui « tiennent » généralement pendant l’intégralité de la rencontre.
Contrairement au piratage en P2P (peer-to-peer/torrent), le streaming et l’IPTV ne sont pas facilement détectables par les autorités, ce qui rend la lutte encore plus compliquée.
Au total, le monde du sport perdrait un milliard d’euros par an à cause du piratage, alors que le monde de la télévision perdrait à lui tout seul 500 millions d’euros. Les chaines se sont alliées pour trouver des solutions, puisqu’elles considèrent désormais que leur croissance ne peut passer que par un retour des personnes qui piratent.
Encore plus inquiétant, le piratage serait en nette hausse. L’article de The Media Leader parle d’une augmentation de 30 % entre 2021 et 2022, mais il se base sur des chiffres de l’Union européenne. Un internaute consulterait en moyenne un flux illégal 0,55 fois par mois, contre 0,42 fois avant. Ça peut paraître peu, mais on peut supposer que de plus en plus de personnes se laissent tenter.
Les autorités font fermer des sites, mais ce ne sera pas assez
Que faire pour lutter contre le piratage ? Les chaînes misent sur les autorités pour aller plus vite et fermer les sites qui ramènent de l’audience. 835 sites ont été fermés entre janvier et septembre 2022, ce qui est finalement assez peu face à l’étendue du piratage (surtout quand on sait que plusieurs flux illégaux circulent juste sur Twitter ou des plateformes populaires). L’IPTV est encore plus difficile à abattre, puisqu’il ne s’agit pas de sites, à proprement parler. Heureusement, le fait de fermer les sites les plus populaires aurait malgré tout un impact sur le piratage.
Fondée par les principaux diffuseurs français, l’Association des protections des programmes de sport (APPS) souhaite faire inscrire dans la loi un délit de piratage d’une retransmission sportive, puisqu’il n’y a rien d’illégal lorsqu’on consulte du streaming ou de l’IPTV aujourd’hui. Les consommateurs ne peuvent pas vraiment être inquiétés, ce qui renforce le sentiment d’impunité. L’Association rêve de pouvoir couper un flux en 5 minutes comme au Royaume-Uni, pour faire perdre en patience aux pirates et les contraindre à payer. Aujourd’hui, le fait de pouvoir terminer son match normalement n’encourage pas à la méthode légale.
Autre problème accentué par les publicités et les partenariats YouTube : l’explosion des VPN. Comme beaucoup de créateurs de contenus le font remarquer, certains pays diffusent gratuitement des matchs de football, y compris de Ligue des Champions. Se connecter à un VPN permet d’y accéder depuis la France et, là aussi, n’est pas régulé… Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir la Ligue de Football Professionnel ne pas réussir à trouver de diffuseurs pour la Ligue 1 et la Ligue 2.
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