Solutions anti-drones, plateformes intelligentes et algorithmes de vidéosurveillance : les industriels de la sécurité veulent montrer leur savoir-faire à Paris, durant les Jeux olympiques de 2024.

On le sait, les Jeux olympiques de Paris constituent une vitrine inespérée pour les industriels de la sécurité. Pour eux, participer à la sécurisation du plus grand événement sportif du monde est déjà une victoire. Les places ont toutefois été chères. Les entreprises du secteur ont déploré un plan d’acquisition du ministère de l’Intérieur chiche, avec seulement 14 millions d’euros sur la table. Mais quelques sociétés ont bien réussi à faire leur trou. La preuve avec cette sélection de quatre solutions high-tech dont vous allez sans doute entendre parler lors des Jeux.

Un laser anti-drones pour les brûler ou les aveugler

Ce système d’armes s’appelle Helma-P et a des airs de science-fiction. Ce laser de lutte anti-drones a été commandé il y a près de deux ans par la direction générale de l’Armement, en charge de l’avenir des systèmes militaires de la France. Le ministère de la Défense, qui a mis sur la table 10 millions d’euros, prévoyait de déployer durant les Jeux un prototype de cette arme déjà testée à terre et en mer.

Ce laser d’une puissance de deux kilowatts est le petit bijou de l’entreprise Cilas, une filiale des industriels de la défense Safran et MBDA. Il devra être capable d’identifier, de poursuivre et de neutraliser de petits drones, dit mini ou micro.

Le faisceau laser invisible à l’œil nu doit ainsi être apte à brûler en quelques secondes sa cible. Cilas l’a testé jusqu’à un kilomètre de distance. Mais il peut également éblouir sa cible en gênant ses capteurs optiques, le tout pour un coût quasiment nul comparé à celui des munitions ou des missiles. « Le coup au but est garanti, car la lumière va tout droit et le système de visée repose sur un radar qui détecte et identifie la cible jusqu’à 3 km et donne une distance précise au tireur », expliquait l’entreprise au Parisien

Des caméras dopées à l’IA pour détecter des évènements inhabituels

Très observé et commenté, le déploiement de la vidéosurveillance algorithmique pour protéger les Jeux olympiques de Paris va s’incarner dans les algorithmes de l’entreprise parisienne Wintics. Cette PME a remporté deux des quatre lots de l’appel d’offres du ministère de l’Intérieur. L’entreprise est spécialisée dans l’analyse des flux vidéo à des fins statistiques. Elle travaille déjà avec une cinquantaine de collectivités pour compter les vélos, les trottinettes ou les poids lourds afin de produire des indicateurs sur les mobilités.

Lors des Jeux, « nous allons déployer les mêmes algorithmes que nous utilisons habituellement, mais dans des contextes et pour des finalités différents », explique à Numerama Quentin Barenne, l’un des trois fondateurs de l’entreprise.

Wintics fait déjà de la détection de place de stationnement pour compter celles inoccupées dans les parkings. L’algorithme servira lors des Jeux à contrôler la présence de véhicules dans un périmètre interdit. Même chose avec les départs de feu, des véhicules à contresens ou des bagages abandonnés, quelques-uns des cas d’usage prévus par le législateur. Quentin Barenne espère que cette expérimentation sera l’occasion de rassurer sur cette technologie controversée et montrer qu’elle est compatible avec le respect des libertés individuelles. « On analyse en réalité des ombres chinoises, pas des personnes, mais des situations, et sans faire d’enregistrement », assure-t-il.

Un drone intercepteur pour créer une bulle anti-drones sur les sites des JO

Outre le laser Helma-P, le système Boreades, en service au ministère de l’Intérieur depuis 2016, doit protéger des sites des Jeux olympiques. C’est la société CS Group qui a mis au point ce bouclier anti-drones. Il a déjà servi à protéger la tribune présidentielle lors du défilé du 14 juillet 2023. Il combine un logiciel de détection et un drone intercepteur. Ce système peut ainsi détecter des engins aériens malveillants par radar, et par ailleurs grâce à d’autres capteurs optroniques.

Il neutralise ces cibles avec un brouilleur, qui va empêcher le drone de communiquer avec son pilote. L’appareil engage alors généralement soit un atterrissage forcé, soit un retour automatique à son point de départ. Mais pour réduire les nuisances — par exemple en faisant perdre votre connexion 4G ou 5G à votre téléphone — un drone intercepteur équipé d’un brouilleur peut se charger de cette opération. Cerise sur le gâteau, le drone peut embarquer un filet.

L’hyperviseur, un logiciel pour les voir tous

L’hyperviseur « Smart Shield » d’Egidium technologies va reprendre du service. La sécurité de la Coupe du monde de rugby en 2023 l’avait déjà éprouvé. Le système sera de nouveau de la partie pour les Jeux de Paris, toujours pour participer à la sécurisation des sites recevant du public, les athlètes et les délégations.

Ce « bouclier intelligent » renvoie en fait à une plateforme logicielle. Elle doit offrir une vision synthétique et en temps réel de tout ce qu’il se passe sur les sites olympiques. « C’est comme une sorte de jumeau numérique du territoire », résume auprès de Numerama Laurent Denizot, le directeur général de l’entreprise.

Concrètement, le logiciel mixe cartographie, remontées des équipements de sécurité et positionnement des équipes déployées. Autant de fonctionnalités à la carte qui doivent aider les différentes organisations concernées dans la sécurité d’un site à mieux coopérer. « Si on a besoin d’un secouriste, le logiciel va trouver dans la base de données quel est le secouriste le plus proche de l’incident », détaille Laurent Denizot.

Autre exemple concret: pendant la Coupe du monde de rugby, le logiciel a permis de surveiller les flux se déplaçant vers les stades. Une façon de pouvoir anticiper des arrivées massives de spectateurs. C’est l’un des enjeux de ce genre d’événement. En mai 2022, des milliers de spectateurs avaient été bloqués avant la finale de la Ligue des champions. Un problème d’organisation qui avait viré à la polémique.

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