On a tendance à dire que l’on y trouve le pire du web francophone. Coco, le site aux multiples extensions, n’est plus accessible depuis le 25 juin 2024, a repéré le journaliste Gabriel Thierry. Le parquet de Paris a confirmé sa fermeture sur son compte Twitter (X) officiel, parlant d’une « coopération avec les autres pays européens », confirmant la dimension internationale de cette action coordonnée.
Lorsque l’on s’y rend, une simple image s’étend sur toute la longueur de la fenêtre. Un message attribué à la Gendarmerie nationale nous apprend que « ce site a été fermé par la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects et la Gendarmerie Nationale, sous l’autorité de la JUNALCO du Parquet de Paris. »
Contactée par Numerama, la gendarmerie confirme que ses « cyber gendarmes ont bien été engagés sur cette fermeture du site Coco ».
La Junalco est la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée. Sur l’image, on voit aussi les logos de l’Office national anti-fraude, du commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace, ainsi que la direction de l’organe officiel bulgare contre la cybercriminalité.
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Le visuel tape-à-l’œil n’est pas sans rappeler les grosses opérations menées par le FBI, comme en octobre 2023, lorsque la page du site d’un célèbre groupe de hackers, Ragnar Locker, avait été déphasée par les autorités. On y trouvait aussi la patte de la Junalco française.
23 000 procédures en 3 ans
Un chiffre donne le tournis : « 23 051 procédures judiciaires en lien avec la plateforme coco ont été ouvertes » entre janvier 2021 et mai 2024, a précisé le communiqué de presse de la Junalco, diffusé un peu plus tard ans la journée du 25 juin. « 70 parquets sur l’ensemble du territoire national, ont transmis des procédures dont ils ont eu à connaître impliquant la plateforme coco.fr, au préjudice de 480 victimes. Dans l’ensemble des procédures recensées, la plateforme coco a été utilisée spécifiquement pour sa notoire absence de modération. »
L’organisme parle de trois types d’infractions pour lesquelles Coco a été mis en cause :
- Fourniture d’une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée (faisant encourir 10 ans d’emprisonnement en 500 000 euros d’amende),
- D’intermédiation ou séquestre, au moyen d’une plateforme en ligne, ayant pour objet de mettre en œuvre, dissimuler ou faciliter une transaction illicite en bande organisée (idem)
- Infractions relatives à la pédocriminalité, au proxénétisme aggravé, au blanchiment aggravé, et à l’association de malfaiteurs en vue de commettre ces infractions
Cybercriminalité, viols, pédocriminalité et guet-apens homophobes
Coco.gg était auparavant accessible par l’url Coco.fr, avant de changer d’extension pour être immatriculé sur l’île de Guernesey et échapper aux autorités françaises.
À sa tête, il y a un homme de 44 ans, Isaac Steidl, qui a lancé ce chatroom au fonctionnement simpliste il y a une vingtaine d’années. L’homme a été un des sept citoyens à demander et obtenir, le droit d’être déchu volontairement de la nationalité française en 2022, a révélé le Parisien le 27 mai dernier.
Coco est au cœur de nombreuses affaires criminelles sordides ; le site de mise en relation a été utilisé pour fomenter des guet-apens homophobes ou des meurtres d’hommes qui auraient utilisé la plateforme pour rencontrer des jeunes mineurs et mineures. En juin 2023, le Monde avait révélé l’immonde histoire d’un homme qui sédatait sa femme et proposait à des dizaines d’hommes, sur le site Coco, de la violer. Douze hommes ont également été reconnus coupables, en mai 2024, d’avoir eu des relations sexuelles avec une adolescente de 14 ans, rencontrée sur Coco.
Pour utiliser Coco, il suffit de s’inscrire en quelques secondes en donnant un nom, un genre et un âge — aucune vérification n’est demandée. Plusieurs médias français relatent la même expérience : il suffit de s’y présenter comme une femme, même très jeune, pour recevoir en quelques secondes des sollicitations à caractère sexuel.
Coco peut-il revenir ?
Le site n’a pas été simplement bloqué par les autorités, mais fermé, ce qui demande une action directe auprès de l’hébergeur et du gestionnaire de nom de domaine. Peut-il pour autant revenir sur le web francophobe ? Selon Alexandre Archambault, avocat spécialisé dans le numérique, interrogé par BFM Tech, rien n’empêche que Coco fasse son retour « depuis une autre adresse ».
Le site Coco était-il hébergé dans l’Union européenne, comme l’assure franceinfo, qui parle de serveurs en Belgique ? « Les investigations ne faisant que débuter », la gendarmerie nous explique ne pas être en mesure de confirmer ces informations pour l’instant.
Cet article a été modifié, il reprenait une information de confrères sur la localisation européenne des serveurs de Coco, qui est contestée à ce jour. A également été ajouté le retour de la gendarmerie sur le sujet.
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